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Citation de Laureneb


V. Testament.
II.
[...]
J'écris inventer, carrefour ; tout à l'heure, j'écrivais tâche, passion, patience, et l'humble verbe faire. Je m'exprime avec le lexique de ma condition : je n'en connais ni n'en connaîtrai pas d'autres. Les pierres n'ont pas de lexique. Mais ce n'est là, dans ma conviction, que différence locale et dit jadis un autre Grec "changer d'éclat par la surface". Le langage aussi et le banal dictionnaire qui, péniblement, en chaque idiome rassemble les désignations de toutes choses connues, me reprocheraient le moindre reniement.

Je ne me confierai pas au hasard, à l'accident, puisque la variété à laquelle j'appartiens dans l'immense taxinomie a reçu la grâce de n'en être pas esclave tout à fait. Si j'étais peintre, je ne clifferais pas d'encre le papier de riz, ni de couleurs la toile. Écrivain, comme je n'ai pas honte d'être, je ne retire pas aux mots leur sens, à la phrase sa grammaire, au discours sa cohérence. En témoignage de quoi, et comme d'autres Chinois qui signèrent plus tard des plaques de marbre qu'ils n'avaient pas peintes, à mon tour, aujourd'hui, faillible et outrecuidant comme sont aussi les hommes, coupables et juge de mon texte, et puisque c'est en outre l'usage en ce canton exigu de la nature, j'ajoute à mes confidences balbutiées et y compromets risiblement mon nom éphémère.
[derniers paragraphes du recueil].
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