Suite à l’instabilité politique et aux guerres civiles entre guelfes et gibelins qui ravagent l’Italie, les écoles de médecine de Salerne et de Bologne se déplacent vers Milan puis Paris. Banni de Bologne en 1290, le Milanais Lanfranc (env. 1250-1306) arrive à Paris via Lyon. Il y introduit la chirurgie italienne et annonce la grande école de médecine parisienne. Il dédicace à Philippe le Bel sa Chirurgia Magna (Paris, 1296). Henri de Mondeville (1260-1320), venant de Montpellier, y fut son élève avant de devenir le chirurgien de Philippe Le Bel et de Louis X le Hutin. Il écrivait : Le chirurgien doit avoir les membres bien formés, surtout les mains, les doigts agiles, longs et minces et non tremblants. Tous les autres membres forts pour pouvoir exécuter virilement toutes les bonnes opérations.
– J’ai reçu les résultats de vos analyses. Tout semble indiquer qu’il doit vous arriver de boire l’un ou l’autre verre de bière de temps en temps !
– Bien sûr, docteur ! Je serai franc avec vous. Cela doit tourner autour d’une petite quinzaine de canettes ! Mais pas plus, vous pouvez me croire. Parole !
– Quinze canettes !!! Par semaine ?
– Mais non, docteur ! Pour qui me prenez-vous ? Par soirée.
En 1215, le concile du Latran IV interdit aux prêtres d’exercer la chirurgie. La plupart des médecins, qui étaient membres du clergé, se trouvent de facto interdits de chirurgie. Cet ostracisme conciliaire conduisit des professions comme les arracheurs de dents, les marchands forains, les bourreaux, les garçons baigneurs ou les barbiers habitués à manipuler des instruments tranchants à réaliser des interventions de petite chirurgie.
La chirurgie est reléguée à un rang inférieur pour de nombreuses décades. Tout en la rejetant, l’Église en reprendra subtilement les instruments pour la torture lors de l’Inquisition.