D'un être à l'autre les relations n'existaient pas et leur société vivait d'à peu près et d'artifices qui maintenaient en équilibre provisoire un ensemble instable autant qu'incohérent.
Entre les deux bornes temporelles qui limitaient étroitement la durée d'un de ces êtres surprenants, elles sentirent bouillonner tous les sentiments, les désirs et les passions, la pensée chercheuse et désespérée, et surtout l'amour qui les perpétuait comme une obligation vitale, comme une servitude envers l'avenir de l'espèce.
Mais le mystère de la création, puis de la dissolution et de la renaissance des âmes subsistait.
... c'étaient les idées nouvelles.
Chacune avait sa forme ; c'était mieux que des cris, mieux que des mots : un alphabet Morse dont chaque signe était intelligible en soi, éveillant en chacune [Anekphante] la seule pensée qu'il pouvait représenter. Des suggestions différentes émanaient des divers centres : la vibration profonde et non interrompue de l'idée du Néant, les mélodies à forme sinueuse des poèmes supérieurs, la longue secousse majestueuse de l'Immensité qui par des modulations imperceptibles exprimait le monde et l'infini.
(...) quand on ne mesure pas le temps, la patience ne se trouble pas (...)
Créer? Non. Transformer. Dieu lui-même, quel qu'il soit, ne peut créer.