Les prumes
Tichke dans l’ jardin de s’ monpère
Promenait sur un beau matin.
On l’avait dit: « Te peuïe ça faire,
Mo te peuïe pas toucheïe à rien. »
Et Tichke se tenait bien couche
Y marchait des p’tits pas, sans bruit.
Mo v’là l’eau qui vient dans sa bouche:
Y voi’ in prumier plein du fruit!
« Je poudrais foutt’ in’ prum’ par terre,
En schuddant l’arb’ in peu, comm’ ça!
Mi si Poupa me voit ça faire,
Y va m’taper mon pette en bas !
« Allô, qu’y dit, ça s’rait ‘n malchance,
Si Poupa irait m’spionner.
Je vas joueïe un peu balance
Avec l’arb’, in’ prum’ va tomber !!!
« Mo non, au fond, ça peuïe pas yett’
— Dit Tichke n’a lui-mêm’ tout bas —
Avant tout, y faut’ yett’ honnêt’:
L’honnêtete, ça c’est la loi !
Mo Poupa, qui tenait l’ silence,
Y voyait Tichke ses façons,
V’la sir in deuïe trwa qu’y s’élance
De derrièr’ in épais buisson:
« Tichke, em’n’ rnfant, je t’aime,
— Qui dit comm’ ça su s’ ton câlin —
Je vais schudder l’arbre moi-même,
Et t’oûras des prum’ pleins tes mains! »
Poupa sécoue l’arbre bien vite,
Et tant du fruit a triboulé,
Que Tichk’ a iu huit jours la chite,
V’là ioù conduit l’honnêteté !!!