page 44 [...] La Fête atteignait sa vitesse de croisière. [...] On se massait au bord des tables. Il fallait pousser, pincer, enfoncer les ongles entre les côtes de ceux qui gênaient. Lorsqu'on avait conquis une place avantageuse, mieux valait assurer sa prise pour résister au terribles crocs-en-jambe qui mettaient hors d'état de nuire pour la soirée. [...] Olfan avait confiance. Rien de fâcheux ne surviendrait aujourd'hui. Il goûtait le plaisir de paraître tête nue au milieu de ses concitoyens. Il lui fallait faire un choix parmi les filles. Sous prétexte d'attraper une olive, ou un pruneau qui avait roulé sur la nappe, des luronnes se penchaient exagérément, lui présentant leurs croupes ou leurs poitrines mi-dénudées. Sans doute ces mouvements éveillaient-il la tentation chez d'autres convives, mais le soir de la Rénovation nul ne s'aventurait sur les terres de l'Arpenteur. [...]