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Citation de Ledraveur


LA CIVILISATION TIBÉTAINE
LA SOCIÉTÉ
(ganaçakra) Ces « cercles » consistaient en de grands festins réunissant une foule de méditants masculins et féminins. Le yogin ne devait pas garder les richesses. Il les recevait et les réemployait. Tel est du moins le principe. Un yogin du XIVe siècle, Samten Palpa (1191- 1366), a de nombreux disciples et accumule nourritures et biens. « Non pas, disait-on, que les biens ne fussent pas venus en ses mains pour en jouir, mais il ne les gardait pas pour lui-même, fût-ce une aiguille et un fil... Maître et disciples ne se nourrissaient qu'en mendiant des aumônes. Parmi les terres et les biens du monastère ils ne gardaient même pas un champ ou un tapis. » Et pourtant les dons atteignaient parfois des proportions considérables. Gyer le méditant (1144-1204) offrit à son maître yogin et à sa femme (yab-yum) cent trois biens différents comprenant avant tout cinquante grandes familles (de « serfs »), un manuscrit de la Prajnàparamità et trois chevaux. La chronique insiste sans doute sur ces cas comme exemples de sainteté qui contrastaient peut-être avec d'autres cas de moindre désintéressement. Mais la distinction entre biens du monastère, qui ne sont pas critiqués, et biens personnels n'en demeure pas moins.

S'ils n'ont jamais été qu'une minorité, certains religieux ont pris au sérieux les commandements de leur religion et les ont traduits dans les faits. Ils ont même souvent été les porte-parole d'une critique des abus de la société. Souvent ces critiques sont formulées sur un ton austère : elles sont surtout dirigées par l'ordre réformé contre les ordres anciens. Nous avons déjà fait allusion aux violentes diatribes de Lha Lama Changchubô (début du XIe siècle) :
« Depuis le développement (des rites) de « libération » (tuer), chèvres et moutons n'ont plus de repos. Depuis le développement (des rites) “d'union” (sexuelle), les gens se mêlent sans égard aux liens de parenté. »
Ou encore : « Vos pratiques, de vous autres, tantristes “abbés de village”, peuvent paraître merveilleuses à d'autres s'ils en entendent parler dans d'autres royaumes. Mais ces pratiques qui vous font dire : « Nous sommes buddha » sont moins miséricordieuses encore que le Dieu du Karman. Vous êtes plus avides de viande que faucons et loups, plus libidineux qu'ânes et taureaux, plus avides de décomposition (?) que maisons en ruine ou poitrine de cadavre. Vous êtes moins propres que chiens et porcs. Ayant offert excréments, urine, sperme et sang aux dieux purs, vous renaîtrez dans (l'enfer du) marais de cadavres putréfiés. Quelle pitié ! »
p. 162-63
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