Il y a quelque chose de profondément démoralisant, troublant, dans ces brusques transformations d'une bête paisible et que vous croyez connaitre en une créature féroce et comme entièrement autre. C'est un véritable changement de nature, presque de dimension, un de ces moments pénibles où vos petits rangements rassurants et catégories familières volent en éclats. Expérience décourageante pour les amateurs de certitudes. Je me trouvais soudain confronté avec l'image d'une brutalité première, tapie au sein de la nature et dont on préfère oublier la présence souterraine entre deux manifestations meurtrières. Ce qu'on appelait jadis humanitarisme s'est toujours trouvé pris dans ce dilemne, entre l'amour des chiens et l'horreur de la chiennerie.