J’ai appris qu’il ne remarquait pas que j’avais de la cellulite ni que mes dents étaient en résine; qu’il aimait les rides au coin de mes yeux et qu’il se souciait comme d’une guigne de mes bras qui pendouillaient un peu. J’ai appris que le regard implacable avec lequel nous passons au peigne fin, dépeçons et méprisons les femmes est un regard qui nous appartient, un regard interne, une exigence folle, moyennant quoi nous faisons de nous-mêmes des esclaves; et que le désir réel, le jugement de l’homme reposent sur d’autres choses: la chair vivante et la salive froide, les transpirations se mêlant dans la pénombre, l’odeur secrète de la peau, la lassitude comblée d’un corps conquis.