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Citation de Ziliz


[...] les femmes, lorsqu'elles voulaient se mouvoir librement dans le monde, devaient se déguiser en hommes. Et il dut y avoir beaucoup, vraiment beaucoup de femmes travesties depuis le début des temps. Rien que dans 'Don Quichotte', on mentionne deux d'entre elles comme quelques chose de très normal. Mais le châtiment de cette audace pouvait être terrible. L'histoire de la papesse Jeanne, une légende singulièrement significative, en est un bon exemple. On raconte qu'au IXe siècle, une femme parvint à devenir pape pendant deux ans, sept mois et quatre jours, en se faisant passer pour un homme. Certains disent que son pontificat eut lieu entre 855 et 857, auquel cas il s'agirait de Benoît III ; et d'autres, que c'était en 872, ce qui correspondrait à Jean VIII. Le fait est que Jeanne était née à Mayence et qu'elle était très intelligente et amoureuse de la connaissance, comme notre Manya [Marie Curie]. Mais comme elle ne pouvait pas étudier parce qu'elle était femme, elle se déguisa en moine. Elle voyagea à Athènes en compagnie d'un autre religieux et réussit à y devenir une figure intellectuelle très respectée. Etant un 'savant' célèbre, Jeanne se rendit à Rome et conquit si bien la ville qu'elle fut élue pape à l'unanimité. Mieux encore, la légende raconte que son mandat fut bon et prudent. Mais elle tomba enceinte de son ami moine, et un jour, alors qu'elle traversait la ville avec tout l'attirail pontifical dans une procession solennelle, Jeanne se mit prématurément à accoucher et donna naissance devant la foule. [...] On raconte que les gens, aussi furieux qu'horrifiés, se jetèrent alors sur la papesse, qu'ils l'attachèrent par les pieds à la queue d'un cheval et qu'ils la traînèrent et la lapidèrent sur une demi-lieue jusqu'à la tuer. [...] Cette légende de la papesse Jeanne a été très populaire pendant des siècles et les gens y croyaient les yeux fermés, jusqu'à ce que l'Eglise la réfute officiellement au XVIe siècle. Mais peu importe qu'elle soit vraie ou fausse : ce qui compte, c'est son incroyable force symbolique, et à quel point elle représente bien la peur du monde masculin face à l'ascension sociale de la femme.
(p. 50-51)
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