Quand le coup de sifflet retentit, Jana leva les yeux de son livre : "J'ai voulu prendre la place de la Providence pour récompenser les bons... Que le dieu des vengeances me cède la sienne pour châtier les maudits... " disait la fin du septième chapitre du Comte de Monte-Cristo.
Cette femme âgée a voulu accomplir à soixante-dix-huit ans le rêve de sa vie : retracer en sens inverse le chemin parcouru en 1943. Budapest, Marseille, Pau, Canfranc, Madrid, Lisbonne, l’Amérique enfin. Elle montrera à sa fille le hangar à double fond où Didier et Estève les avaient cachées et, quand elle franchira le seuil du hall, elle éprouvera la sensation la plus pleine, la plus entière que peut percevoir un être humain : celle de la liberté.
Cette femme à la peau claire et aux yeux noirs, qui accomplit enfin son souhait le plus cher depuis qu’elle a sept ans s’appelle Sieglinde Géllert.
Epigraphe
"Il suffit d'un instant pour faire un héros, mais il faut une vie entière pour faire un homme de bien" Paul Brulat (1866-1940 - Pensées)
Le télégramme eut l'effet d'une bombe. il arriva quand ils s'y attendaient le moins, que tout marchait comme sur des rouettes. Il disait de la façon la plus concise possible que M. Juste devait se rendre à l'hôpital Varsovie de Toulouse parce que ses résultats n'étaient pas bons. Bien entendu le chef de douane n'avait effectué aucun examen médical et n'avait même jamais foulé le sol de ce lieu.
Jana, Montlum, Arlette et Didier, tous savaient ce que ces mots signifiaient. C'était le message qu'ils craignaient de recevoir depuis le début de leur mission.