Salomé Zourabichvili

Quel parcours que celui de l’auteure : née à Paris de parents émigrés,

diplomate de carrière française, ministre des affaires étrangères de la République géorgienne et actuellement Présidente de Géorgie.



Salomé Zourabichvili est en effet née à Paris le 18 mars 1952 des parents géorgiens ayant fui l’invasion russe de leur pays en 1921.

Brillante élève, elle a été très jeune diplômée de l’Institut d’études politiques (IEP) de Paris et embrassé une carrière diplomatique, qui l’a amené en poste aux ambassades et consulats de France à New York, Washington, Vienne, N’djamena et Bruxelles, auprès de l’OTAN.



Le tournant décisif dans sa carrière et existence a lieu en 2002 lorsqu'elle est nommée ambassadrice de France en Géorgie, où après la révolution des Roses et la démission du président Édouard Chevardnazé (1928-2014), le 23 novembre 2003, une nouvelle équipe, sous la direction de Mikheil Saakachvili, prend le pouvoir à Tbilissi.



Survient ensuite un épisode extraordinaire à l’Élysée, en mars 2004, où Saakachvili demande à son homologue, le Président Chirac, l’autorisation de nommer son ambassadrice ministre géorgien des affaires étrangères. Après un vote au parlement à Tbilissi ce fût chose faite, le 20 mars 2004.



L’ouvrage que Salomé Zourabichvili a publié en avril 2009 "La tragédie géorgienne" constitue en fait ses mémoires de la période 2003 à 2008.



Il s’agit d’un témoignage étonnamment honnête et franc dans lequel elle explique ses efforts continus pour orienter ce pays du Caucase dans le giron occidental en œuvrant un rapprochement avec l’Union européenne et l’OTAN.



Simultanément elle a consacré de sérieux efforts pour instaurer une politique pacifique et de bonnes ententes avec le grand voisin du nord, la Russie de Poutine, qui contrôle avec l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud pratiquement 20% du territoire géorgien.

Une mission évidemment guère simple !



Dans ce contexte, la ministre raconte avec verve ses négociations avec l’éternel ministre des affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, sur l’évacuation des bases militai res russes, entre autres à Batumi, le long de la mer Noire.



Son livre de 333 pages et 13 chapitres, avec un lexique fort utile des noms propres en fin de volume, nous donne un excellent compte-rendu des difficultés à appliquer une politique équilibrée et équitable dans un petit pays (à peu près 2 fois la surface de la Belgique) dans cette partie du globe et face au mastodonte russe.



De ses souvenirs, il ressort également la difficulté à poursuivre une ligne politique raisonnable contre des traditions et des mœurs de népotisme et corruption ancrée dans les mentalités des pays du Caucase.



De ce point de vue elle analyse avec une grande dose d’objectivité ses frictions avec ses confrères au gouvernement et ses démêlés avec Saakachvili, qui se trouve depuis le 2 octobre 2021 en taule à Tbilissi, essentiellement pour corruption et détournement de fonds.



Au bout d’un an et 6 mois, le 19 octobre 2005, Salomé Zourabichvili est limogée pour une sombre affaire intérieure. Plutôt que de rentrer en France et de reprendre sa carrière diplomatique, elle décide de rester en Géorgie et d’entamer une carrière politique et fond à cette fin un nouveau parti politique : la Voie de la Géorgie.



Députée pendant 2 ans, du 18 novembre 2016 au 16 décembre 2018,

date à laquelle est devient cheffe d’État.



J’espère que l’auteure nous réservera une suite à ses premiers souvenirs, en nous racontant ses expériences comme Présidente de Géorgie.

J'ai suivi avec un intérêt toujours renouvelé les personnages de ce livre. La petite musique de ces femmes m'a souvent ému.