Le temps de rien
Une brûlure au palais.
Le correcteur d’orthographe.
Comme les vieilles l’après-midi en semaine au cinéma.
Les chrysanthèmes ont-ils tenu ?
Qui a dit que les morts ne parlent plus ?
Que la terre est muette ?
Sur la place fin novembre on regarde les arbres.
Le soleil cogne :
« Même les oiseaux ils comprennent rien ».
Est-ce que tout s’en va ?
Un meuble neuf dans la salle de bains.
Et un aspirateur qui remarche.
Et : « c’est le corps qui parle ».
Et être dans les délais c’est être encore en vie.
La pluie, la terre mouillée,
la forte odeur de feuilles de buis, le froid des pierres comme
la peau des morts.
Dans le matin lent, s’étirer.
Le jour par la fenêtre.
Je n’aurai jamais de balcon.
J’aime les matins…
J’aime les matins. Sortir de la douche, la musique.
Mettre de la crème sur ma peau, mettre des odeurs.
Et la lotion sur les cheveux. Et brosser les dents.
Et la vaisselle. Balayer. Place neuve.
L’aspirateur et la radio.
Les poubelles jetées.
Et le thé parfumé.
Les tartines, le beurre et la confiture.
Les mouettes sur les toits. Et les antennes.
Et les avions qui passent.
Légèreté des bruits qui filent.
Le vent fait bouger les rideaux qui vont et viennent,
s’engouffrent dans la fenêtre avec des mouvements
brefs et saccadés comme ceux des danseurs.
Un flottement.