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Biographie :

Sociologue au Centre d’études des techniques, des connaissances et des pratiques (Cetcopra) de la Sorbonne. Ses travaux portent sur les projets de transformation sociale en lien avec les mouvements du numérique. Il est membre des réseaux de recherche Anthropological Materialism et Numer-Univ.

Il a publié aux éditions le passager clandestin "Utopie du logiciel libre" dans la collection Essais en novembre 2013.

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Citations et extraits (8) Ajouter une citation
C’est peut-être cette seconde question qui pousse Sébastien Broca à se tourner vers la notion d’« utopie concrète » développée par Ernst Bloch. Certes, beaucoup perçoivent le logiciel libre comme une démarche utopique, mais pas au sens que décrit Broca. L’utopie concrète n’est pas la promesse d’un monde parfait à venir, il n’est pas Erewhon, ni New Harmony ni un quelconque phalanstère. L’utopie concrète est un monde basé sur le « non encore advenu ». Le logiciel libre n’a jamais prétendu construire l’infrastructure parfaite, le logiciel parfait ni le meilleur des mondes possibles ; ce n’est pas un mouvement romantique.


Christopher M. Kelty, préface, p. 19
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Deux des questions les plus vivement débattues aujourd’hui ont été travaillées et transformées par le logiciel libre. La première touche au rôle de la propriété intellectuelle dans la production moderne. Le logiciel libre – et en particulier le principe du copyleft – est la matrice d’une critique du droit de la propriété intellectuelle qui se répand dans la société – que ce soit dans le domaine de la science et de la recherche (libre accès et données ouvertes) ou dans celui de la culture (piratage et nouveaux business models). La valeur économique et culturelle des biens soi-disant « immatériels » est en train de changer. Or le logiciel libre incarne une réorientation précoce et profonde de la relation entre valeur et propriété. Il ne s’agit pas de prétendre qu’il libère la propriété intellectuelle – car aucune concession de pouvoir ne se fait aussi simplement, mais comme le montre ce livre, il a transformé les règles élémentaires de son interprétation par les intellectuels et de son utilisation par les individus et les entreprises, contribuant autant que résistant au« nouvel esprit du capitalisme ».

La seconde question touche à la transformation de la politique par le faire. La faculté de prendre part à la vie politique n’est plus séparée du travail humain en tant que fait matériel et concret, mais mêlée à lui de manière inédite. Car un logiciel n’est pas un problème abstrait ou une quête intellectuelle ; il est au cœur même du travail manuel et technique moderne, que ce soit en tant que fin ou en tant que moyen. Cette « contribution matérielle » est de plus en plus centrale dans notre vie politique par quantité d’aspects, des plus diffus (l’influence du consommateur sur les notions de commerce équitable, d’agriculture biologique et autres pratiques « éthiques » de production) aux plus consistants (la capacité à constituer, du jour au lendemain, des réseaux, des structures de communication ou des infrastructures militantes du type Occupy, les Indignés ou le mouvement des Anonymous). Les pratiques du logiciel libre sont souvent orientées vers des questions bien précises, comme la vie privée, la surveillance, la neutralité du Net et quelquefois les droits de l’homme et les libertés politiques ; mais elles sont surtout au cœur de la transformation du travail. Une nouvelle relation entre le politique et le matériel se fait jour, qui a captivé aussi bien les critiques marxistes que les économistes néoclassiques.


Christopher M. Kelty, préface, p. 17
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Néanmoins, comme le montre habilement Sébastien Broca, le logiciel libre n’est pas simplement du logiciel, pas plus qu’il n’est une idéologie parmi d’autres. Il est une concentration particulière de pratiques devenues centrales dans ce qu’on nomme l’« économie de l’information » ou la « société en réseau » (bien que ces abstractions sans fondement soient justement ce dont le logiciel libre aide les chercheurs à se déprendre). Le logiciel libre unit ingéniosité juridique, habileté technique et organisation coopérative comme peu d’autres activités le font. Cependant, ces pratiques ne se limitent pas à la réalisation de logiciels ; nombre de ceux qui se sont confrontés au logiciel libre en reviennent avec des idées nouvelles pour changer le monde qui les entoure, qu’ils soient entrepreneurs dans l’industrie musicale ou animateurs de mouvements sociaux.

Christopher M. Kelty, préface, p. 16
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Le logiciel libre est un bon objet pour penser. En économie ou en informatique, en anthropologie ou dans le design, en sociologie ou dans le champ de l’éducation, le logiciel libre est depuis plus de 20 ans un terrain d’investigation, d’enthousiasme et de critique. Il est pourtant rare de voir un intellectuel prendre au sérieux le phénomène, le traiter non comme une énigme à résoudre en s’appuyant sur les théories existantes ou comme une simple illustration des transformations en cours, mais l’étudier pour lui- même, comme un objet singulier digne de ré exions et de concepts spéci ques ou susceptible d’étendre et de mettre à l’épreuve les concepts existants. Dans ce livre, Sébastien Broca y parvient magni quement et rejoint ainsi une poignée de chercheurs qui se sont attachés à saisir les aspects techniques, légaux, économiques et socioculturels de ce phénomène.

Christopher M. Kelty, préface, p. 15
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Comprendre en détail le logiciel libre – comment il opère en tant qu’innovation technique, légale et sociale – implique de se familiariser avec une infrastructure technique qui est au cœur de nombreux faits sociaux contemporains. Le piratage, l’espionnage de la NSA, les Anonymous, le peer-to-peer, les réseaux sociaux dont on use et abuse, tout cela est un peu plus compréhensible, un peu moins mystérieux dès lors qu’on s’intéresse au logiciel libre. Loin de la Silicon Valley, de Google ou d’Apple – mais tout en leur étant inextricablement lié –, le logiciel libre est un objet obscur qui permet d’éclairer les problèmes contemporains.

Christopher M. Kelty, préface, p. 16
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En parallèle, le hacker est devenu depuis quelques années une figure médiatique et un nouvel acteur dans le champ politique. Le terme désigne historiquement tous les passionnés d’informatique, et non pas les « pirates informatiques » comme on le croit encore trop souvent.
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Faire de la politique autrement : le refrain peut prêter à sourire. On est pourtant tenté de l’entonner à nouveau, en songeant qu'il y a peu à attendre de nos représentants mais que le refus d'affronter la question du pouvoir a trop souvent raboté les ambitions collectives. La politique manque à la fois de bricoleurs et de visionnaires. En tant qu'ils sont un peu des deux, les hackers ont de bonnes raisons de s'y consacrer.
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Sébastien Broca
Le nirvana vanté par la Silicon Valley a du plomb dans l’aile, mais nous, en tant que consommateurs, nous ne cessons de voter pour ces entreprises [les Gafam]
Source : cité par Le Monde, décembre 2020
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