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Citation de Pecosa


(Conversation entre un boucher et un traducteur de romans policiers pour la Série Noire):
"Tout de même, monsieur Centon, vous ne trouvez pas bizarre que ces gens parlent comme nous,"
Il prononçait Sainton, comme du saindoux.
"Quels gens?
- Les personnages de vos romans.
- Je n'en ai écrit qu'un.
- Ceux que vous traduisez.
- Ils parlent comme nous?
- J'en ai connu des Amerloques pendant la guerre. Ils ne jactaient pas du tout comme ça!
- Ils parlaient comment?
- Trois mots de français à peine. Et la prononciation, je vous dis pas!"
Dans l'arrière boutique où elle embossait les saucisses, sa femme était intervenue:
"Ils parlaient aussi beaucoup avec les mains; si vous voyez ce que je veux dire....
-Si je veux entendre causer faubourg, pas besoin de lâcher cent cinquante balles pour un bouquin: je sors sur le trottoir. Imaginez un peu l'inverse, qu'on se mette à l'anglais, nous autres?"
(...)
" Vous ne pouvez pas vous débrouiller pour qu'ils aient un air un peu plus américain, vos Américains?
- Je suis obligé de traduire. C'est soit en anglais, soit en français...
- Une fois, à la Libération, j'ai cuisiné un bourguignon avec du corned-beef. C'était pas bon, mais c'était ni américain, ni français: c'était entre les deux. Vous ne pourriez pas mitonner quelque chose entre les deux?
- C'est difficile, vous savez, la langue est en perpétuelle évolution.
- Comme le prix de la viande. Et ça n'arrête pas de baisser.
- D'un point de vue linguistique, une traduction est déjà obsolète à sa publication.
- Moi, si je vendais de la viande périmée..."
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