Serge Minet

La noradrénaline étant considérer comme le médiateur de l'esprit d'entreprise ou, pour employer une formule plus imagée, une sorte de pousse-l'action, la décharge de NA donne l'envie et le plaisir d'agir. En agissant, on décharge une quantité importante de NA et l'émotion provoquée par l'acte de jouer oblige les neurones à fabriquer de la NA qui procure un bien-être tout en maintenant l'excitation nécessaire pour continuer à jouer. Le joueur pathologique se sent déprimé lorsque son activité de NA se situe au-dessous de la normale.

Des auteurs estiment que le traitement des joueurs doit se centrer principalement sur le sentiment de toute-puissance, sur l'idéalisation de la destructivité et la difficulté d'établir des frontières entre soi et les autres. Rosenthal et Rugle proposent cinq stratégies pour la clinique thérapeutique : percer le déni du problème ; confronter le sentiment de toute-puissance ; interrompre le cycle des tentatives pour se refaire ; découvrir les raisons du jeu pathologique ; et motiver le joueur à être acteur de son traitement.

C'est en connaissant la loi, en la respectant au pied de la lettre, que le joueur devient son complice, qu'il est protégé par elle. Il n'est pas hors-la-loi comme l'est un psychotique. Il n'est pas empêtré comme le névrosé. Il est la loi. Il l'a phagocytée. Il est à ses côtés. Le joueur s'arrange toujours pour être en équilibre sur le fil des principes et pour manifester sa bonne connaissance de la loi. le désir est la voie par laquelle le joueur refuse son manque interrogeant inlassablement le hasard.

Un autre facteur réside dans ce que nous appelons le quasi-gain/quasi-perte ; le quasi-gain fait référence à un certain type de situation de perte où le joueur était très proche d'un succès. Cette situation se produit par exemple lorsqu'il obtient deux des trois symboles d'un jackpot. Un certain nombre de ces quasi-gains augmente la probabilité que l'on continue à jouer. Des situations de quasi-gain se produisent non seulement durant des jeux aux jackpot mais également pour le bingo dans les cafés, les billes à gratter, les paris sur des courses de chevaux et de chies et les jeux de table dans les casinos comme à la roulette et au Black-jack. une situation de quasi-perte fait référence à une situation o le joueur ne gagne pas grand-chose mais frôle la perte. es joueurs qui ont frôlé pareille perte trouvent alors qu'ils ont eu de la chance et houent ensuite davantage.

vA cet endroit de notre réflexion, rappelons avec Fabian Gillard, que "la loi n'accorde aucune action pour une dette de jeu. Cette règle qui ne souffre aucune exception s'impose à tout magistrat et conduit à considérer comme nulle toute reconnaissance de dette consentie par un joueur." Et Gillard de remarquer que le joueur, s'il a malgré tout réglé sa dette, n'est pas tenu à répéter ce qu'il a payé. Le magistrat peut faire procéder aux remboursements et autres restitutions "s'il voit là un meilleur moyen de sauvegarder l'ordre public, une meilleure voie en vue de la réintroduction de stabilité dans la vie du joueur. [...] Par le truchement de ce second mécanisme, le droit assure une protection financière particulièrement efficace du joueur, privé, dans une certaine mesure, de la faculté de s'appauvrir.

Il lui reste un peu de tabac : se roule une cigarette en grelottant, doit se mouiller les pouces parce que la feuille n'adhère pas à sa peau, la flamme paraît désuète dans ce froid, pareille à la volonté qui surgit dans sa têt face au ce qui le ronge, le ronge. Il n'y retournera plus. Plus jamais. Il le sait. C'est terminé ! Il s'arrête au beau milieu du chemin de halage, sort son sexe et se masturbe avec véhémence, ça ne tarde pas, sa semence semble brûlante dans le froid, il se tient à un réverbère, s'essuie avec une serviette du Magic Game Center, la jette dans le canal. On est quitte. Quatre-vingt mille balles, ça fait cher la branlette ! Ca y est, Jean-Pol ne jouera plus jamais, il l'a décidé, on va voir qui il est, ce dont il est capable. Il n'avait aucune raison de se suicider.

Sous l'effet du rouge, le temps est surrévalué et les poids semblent plus lourds? [...] Le rouge fait monter la tension artérielle, accélère le pouls et la fréquence respiratoire, mais ses effets sont parfois suivis d'une réaction inverse qui se manifeste au bout d'un moment.

"Tu ne fais même pas partie du règne des champignons !" Ce décret édicté par le père d'un de mes jeunes patients à son encontre, je l'ai entendu âprement à ma consultation. J'avoue en avoir éprouvé un goût amer, un goût de terre, de poussière. De mort. J'ai imaginé qu'il lui signifie, peut-être, que son existence (en lien avec Internet) n'a plus rien à voir avec l'humain. Qu'il n'est plus digne d'être ni homme ni même existant. Ni son fils ? L'expropriation abjecte de son humanité et le renvoie vers une existence terreuse ont clos définitivement le discours? Pourtant cette rencontre m'a poussé, au-delà du sens douloureux que revêt cet apophtegme, à rechercher en quoi ce jeune patient n'(est pas digne des champignons.

Je vous invite, au cours des premiers chapitres, à parcourir l'itinéraire du joueur accroc qu'il n'a de cesse de suivre dans l'essoufflement, l'épuisement et la solitude. Cette course est sans issue. Il ne peut plus y échapper. Toujours en quête d'une inaccessible étoile, il est entraîné dans les méandres de l'imprévisible, du faire-semblant ou du soi-disant, dans un ailleurs lui-même. Au risque de se perdre. Le chemin l'amène jusqu'aux frontières du réel ; là où l'illusion fait la nique au rêve. Le jeu joue, son issue est incertaine, ses acteurs éphémères. La recherche du plaisir bascule dans l'idée fixe. Le divertissement s'éteint dans le carcan de la passion.

Il a vendu sa villa, sa maison, sa voiture, il a fait des crédits pour payer mes dettes. Maintenant que je sais que les dettes de jeu ne sont pas légalement exigibles, ça me tue, je n'aurais jamais dû lui demander de régler mes dettes de jeu.