Serge Niemetz - Stefan Zweig, Le voyageur et ses mondes
Fin juillet 1936 à Ostende, première rencontre de Zweig avec Irmgard Keun, qui "apparaît à Irmgard Keun comme le modèle du grand écrivain à qui tout réussit, personnage de cinéma : homme du monde, élégant, soigné, une douce mélancolie dans le regard sombre..."
(page 441).
Las ! Que des misères et de périls sur les mers !
Que la mort est proche, sous mille et mille formes !
Sur terre, que de guerres ! Et que d’affaires
Contraires à l’honneur ! Ah ! Qu’un seul repli
De notre globe permit à l’homme
De continuer en paix son humble existence
Tandis que dans le ciel l’ouragan se déchaîne
(Au mur, à droite du bureau, est accroché un sous - verre encadré qu’un familier déclarera n’y avoir pas vu « auparavant » - une stance de Lusiades de Camoens en portugais et, au- dessous, sa traduction de la main de Zweig.) Ici c'est le moment où l'on découvre le suicide de Zweig.
"En me faisant hier des réflexions sur tes amis, j'ai eu le coeur lourd à la pensée que personne -à part moi- ne te connaît vraiment, et qu'on écrira un jour sur toi les choses les plus stupides et les plus creuses. Il faut reconnaître que tu laisses peu de gens t'approcher et que, en ce qui concerne ta propre personne, tu te renfermes sur toi. Ton oeuvre ne représente qu'un tiers de toi-même, et personne n'a saisice qu'il y a d'essentiel en elle pour expliquer les deux autres tiers;"
Friderike à Stefen Zweig, juillet 1930