La Résistance pensait possible d'unifier la société autour ses idées d'avenir.
Elle avait développé un " esprit de la Résistance"., qui était porteur d'une éthique dans la vie sociale d'une primauté accordée à l'intérêt général, d'un renforcement des droits de l'homme.
Elle donnait l'image d'un esprit de jeunesse, de dévouement, de responsabilité et souhaitait modifier durablement les comportements des Français.
Un défilé militaire avait été organisé en l'honneur du Général De Gaulle à Toulouse. J'avais tenu à ce que les Guérilleros Espagnols y participent, à l'égal des maquisards français.
J'aurais souhaité que le Général De Gaulle leur adresse un mot amical, un simple sourire. Visage crispé, il prit ombrage de cette présence.
Quand un allié a accepté des sacrifices pour votre cause, on lui témoigne de la gratitude. On ne le rejette pas avec mépris dès lors que l'on n'a plus besoin de lui.
"Aussi petite soit-elle, chacune des actions de nos "Groupes francs" fera avancer la date de la victoire. Des morts plus nombreux aujourd'hui, c'est moins de morts demain."
A la Libération, je fis le décompte des pertes parmi ces hommes d'élite ( les groupes francs).
Dans mon entourage direct, plus de cent étaient morts ou portés disparus.
A un préfet horrifié par la pendaison des civils à Tulle, un officier SS lance :
" Je regrette, nous avons pris l'habitude de pendre. Nous avons pendu plus de cent mille hommes à Kharkov et à Kiev. Ici, ce n'est rien pour nous."
Des l'automne 1942, nous avions toutes les raisons de craindre le pire pour les déportés.
La brutalité des soldats allemands, les conditions épouvantables d'entassement dans les wagons, l'absence de provisions suscitaient l'angoisse sur le sort des ces déportés.
Ils disparaissaient comme dans une trappe. Il n'écrivaient pas. Personne n'en recevait de nouvelles.
Des récits nous parvenaient qui étaient tellement horribles que nous hésitions leur accorder crédit.