Avec Bougainville, l’image européenne de la danse polynésienne est fixée et ne changera plus, jusqu’à aujourd’hui. Cette danse serait faite de «postures lascives», comme il se doit pour un contexte où tout, absolument tout, serait fonction d’un culte voué à l’acte sexuel : «leur seul dieu est l’amour», «leur seule passion est l’amour».
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L’image de la danse «lascive» est en rapport direct avec l’interprétation générale des Français sur la culture rencontrée : un «état de nature» où la seule préoccupation est la sexualité.
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Dans son texte publié, Bougainville reprit la métaphore et composa le fameux passage qui fit savoir à toute l’Europe qu’à Tahiti on pratiquait l’hospitalité sexuelle et que la chose se passait en public car telle serait la coutume entre Tahitiens pour tout acte sexuel. Une «offrande de jeunes filles» est la manière de remplir le «devoir hospitalier» envers des visiteurs. En outre, on attend du visiteur qu’il fasse l’acte sexuel devant tout le monde, car ici l’amour («le culte de Vénus») se fait sans « mystères», sans «embarras» et chaque «jouissance est une fête pour la nation».
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Certes, Bougainville mentionne que les habitants offraient des «jeunes filles». Comme nous le verrons au chapitre suivant, certains détails des récits des compagnons précisent que ces filles étaient très jeunes, parfois au tout début de leur adolescence. Mais il est vrai qu’à cette époque, dans l’idéologie masculine européenne, c’est «la femme», quel que soit son âge, qui symbolise l’amour. Après tout tant mieux si, à Tahiti, ces femmes étaient des «jeunes filles» !
Tous composent des herbiers, ordonnent les animaux repérés et, sans discontinuité aucune, s’interrogent sur la meilleure façon de classer les populations humaines rencontrées. Souvent, ils notent en premier lieu les couleurs de peau, suivant en cela les instructions de Buffon. Mais ils font aussi de longues dissertations sur tous les autres aspects physiques et sur toutes les «coutumes» de ces «variétés de l’espèce humaine» découvertes à chaque escale.