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Citation de Charybde2


Après quelques jours, on retrouvait parfois la carapace vide et les regrets d’avoir ainsi massacré une pauvre bête, d’avoir interrompu le cours d’une vie qui coulait paisiblement à côté de nous et qui portait une partie de la nôtre dans le courant de la sienne.
Mais on oubliait combien chaque vie était précieuse quand on se mettait à lapider une tortue, ses pas ayant croisé les nôtres, même si après coup, cela nous chagrinait, parce qu’une carapace vide c’était un peu comme une tombe qui s’ouvrait devant nos regards. Une vie qu’on avait renversée, une tombe qu’on avait provoquée et ne savait comment remplir. Elle se tenait devant nous et nous dévisageait avec son vide.
Ne sachant quoi en faire, on réduisait la carapace en miettes avec quelques cailloux de plus et achevait ainsi en deux temps l’exécution de la tortue. D’autres fois, quand la blessure n’était pas très grave, elles arrivaient à se retirer dans un abri pour s’y laisser réparer. Quelque temps ou quelques années après, quand on croisait une tortue avec une carapace cicatrisée, on ne savait jamais si c’était celle qu’on avait martyrisée ou une autre qui se serait fait marquer ainsi par nos grands frères ou nos pères.
Les tortues vivent longtemps nous disait-on, et elles avaient la mémoire longue, une mémoire qu’elles gardaient hors de notre portée, hors de la portée de nos cailloux et des blessures qu’on pouvait provoquer. Elles savaient laisser passer les blessures pour continuer, de leurs pas mesurés, vers le sol qui allait accueillir tout retour.
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