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Critiques de Simon Abkarian (11)
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Le dernier jour du jeûne

Il a prêté sa longue silhouette élégante, son regard brûlant, son sourire triste sous la moustache bourrue au Missak Manouchian de l'Affiche rouge, dans le beau film de Guédiguian, son pote.

Il a joué chez Ariane Mnouchkine, tourné avec Ariane Ascaride. Il a ce qu'on appelle une gueule - une vraie présence, une voix, et même ses silences sont forts.



Mais je ne savais pas que Simon Abkarian était aussi une plume, un dramaturge, un metteur en scène plein de verve et de poésie.



Un dramaturge avec un univers bien à lui: une sorte de Sud emblématique, à la fois unique et multiple, éternel comme les dieux grecs, chaud comme la braise, salé comme la Grande Bleue. Une sorte de synthèse entre le Panier de Marseille -avant que les bobos s'en mêlent- la Crète du Minotaure et la Casbah d'Alger la Blanche.



Un Sud enfiévré par les guitares, à l'ombre des cèdres d'un Liban pas encore martyrisé ou des platanes de Pagnol, dans les maisons toutes blanches d'une île grecque ou les paillotes des salines siciliennes, sur les routes poudreuses de l'exil, dans les roulottes des gitans, ou chaloupant sur une barque dans les calanques de pêcheurs ...



Un Sud fusionnel, fait de tous les Sud qui manquent et creusent leur vide lumineux dans les coeurs exilés...



Dans ce monde-là, on parle aux dieux familièrement, parfois crûment. On les convoque, on les supplie, on les menace...Les dieux sont partout. Ils écoutent. Ils regardent. Parfois ils font des signes.



Dans ce monde-là, le sang est très rouge et le sexe brûlant. Le soleil chauffe la peau et les oignons piquent les yeux. La mer apporte parfois d'étranges nageurs. Les familles sont de petites monades frileusement serrées autour du patriarche. De petites monades agitées par des désirs contraires et guettées par les dieux. Des femmes, des hommes.



Les femmes surtout ont le verbe très libre, dans la prison que leur ont faite leurs hommes et la tradition. Elles parlent de tout ce qui les hante: l'amour qui ne vient pas, le mariage qui doit se faire en blanc, après la rupture du jeûne, l'inceste qui muselle, les livres qu'elles ne lisent pas et les rêves qui les visitent.



Le monde capillaire des femmes: une mère, Nouritsa, pleine de sagesse et de force, ses deux filles, la vierge Zéla et Astrig la délurée, toujours en bisbille, une tante, Sandra, vieille pythonisse érudite et folle, une voisine,Vava, surnommée La Rumeur, et enfin Sofia,une petite fille pleine de souffrance et de silence.



A côté d'elles et tout autour, le monde testiculaire des hommes: plus volatile, plus violent, fait de protection et de menace : le petit Elias qui joue déjà les durs à cuire, Aris, désarmant de bêtise et de désir, Théos le paterfamilias tendre protecteur et justicier sauvage, Xénos l'étranger au langage approximatif et aux gestes sûrs, et Minas le boucher, taureau furieux, cloîtré, honteux..



Peu à peu on pénètre dans ce monde-là, on s'habitue au soleil, on s'approche de cette famille, on fait connaissance avec ces personnages, on passe légèrement des fulgurances poétiques aux obscénités brutales de leur langage, on rit de leur truculence, on tremble de leur douleur, on voit fondre sur eux leur destin, comme dans une tragédie grecque...On voudrait en savoir plus...Passer encore un peu de temps avec eux, les voir grandir, vieillir et peut-être mourir..Un jour, même si c'est le dernier du jeûne, c'est trop court...Il y a une suite, deux autres pièces...



C'est une vraie saga -secret, mystère, amour, crime et châtiment- mais ce qui nous la rend si familière et si profonde c'est qu'elle distille une sagesse vieille comme les mythes et jeune comme eux.



Dans la mise en scène très réussie -signée elle aussi Abkarian- les personnages avaient le visage... d'Abkarian - un magnifique Théos, plein de réserve et de pénétration- d 'Ariane Ascaride- une Nouritsa chaleureuse, à la fois populaire et divine, de Judith Magre, enfin, qui campait une Sandra- la -folle étonnante , sans âge et toute maigre- un oiseau pour le chat- mais si forte par sa gouaille et l'ironie de sa voix grave qu'elle semblait animée d'une vie entêtée et d'une jeunesse insolente, éternelle...Les autres acteurs, moins connus, avaient eux aussi une belle présence!



Quant au décor - des maisons blanches montées sur roulettes, glissant , fantomatiques, sur le plateau, avec un grand ciel bleu imperturbable en toile de fond- il dessinait un ballet mouvant , changeant et pourtant ancré, toujours renouvelé et cependant identique...



Mythique, lui aussi.



On dirait le Sud...Le temps dure longtemps....Et la vie sûrement...Plus d' un million d'années...Et toujours en été...

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Ménélas rapsodie

Ménélas rapsodie de Simon Abkarian, Actes Sud, 2012.



Simon Abkarian imagine ici le monologue de Ménélas, Roi de Sparte, après l’enlèvement d’Hélène par Paris.

En proie aux sentiments les plus violents et contradictoires, de la rage au désespoir, de l'ivresse à la nostalgie, Ménélas s’exprime de manière crue, triviale et tendre à la foi.



J’ai découvert ce texte sur France Culture, interprété par l’auteur, avec des chants sur fond de bouzouki et de guitare. J’ai été frappée par l’humanité de Ménélas. Mes souvenirs de l’Illiade en faisaient surtout un guerrier fédérateur épris de vengeance…



Une belle parenthèse poétique, où le roi se fait rapsode, où l’amour inspire l’épopée.





https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/fictions-theatre-et-cie/menelas-rapsodie-et-helene-apres-la-chute-de-simon-abkarian-2433449


Lien : https://www.facebook.com/pir..
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Hélène après la chute

Que se passe-t-il lorsque Ménélas, le roi de Sparte, retrouve celle qui fut sa femme et qui est la cause de l'entrée en guerre de son peuple ?

Sur les ruines fumantes de Troie, dans la chambre qu'elle partageait avec Pâris, Ménélas retrouve Hélène. Séparés depuis dix ans, c'est pour eux le moment de se mettre à nu. La colère d'abord, la jalousie, la trahison. Puis les souvenirs partagés et ceux échangés dans le regard qu'ils posent sur cette guerre qui vient de prendre fin, de sa naissance à ses conséquences.

La pièce est presque versifiée et s'adapte au souffle des personnages, aussi bien à leur rancœur qu'à leur lyrisme. Hélène et Ménélas échangent librement dans un dialogue qu'on ne leur connaît pas ou trop peu, leurs visions de la guerre, de l'amour, de la liberté, et du pardon, aussi.
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Hélène après la chute

Hélène après la chute de Simon Abkarian, Actes Sud, 2023.



Simon Abkarian imagine les retrouvailles d’Hélène et de Ménélas, après la chute de Troie.



Dix ans après son enlèvement par le prince troyen Paris, qui déclencha la guerre de Troie, le dialogue entre les époux prend des allures de confrontation, de mise au point.

Hélène, lucide, provocatrice, attend son châtiment tandis que Ménélas prend son temps et hésite, laissant transparaître son amour, son inquiétude, sa prévenance.



L’auteur donne une dimension humaine aux héros de l’Illiade, nous plonge dans l’intimité d’un couple royal.

Lorsqu’Hélène et Ménélas se retrouvent, il n’y a plus ni vainqueur ni vaincue, mais un homme blessé et son épouse bouc émissaire. Leur échange sous forme de corps à corps verbal explore leur vie passée, les années de guerre, prend des tonalités charnelles, érotiques…

Ils évoquent aussi le sort des captives…



Une joute verbale qui remet en perspective la guerre de Troie, à travers le portrait du mari outragé et d’une épouse décrite comme une catin, alibis d’une guerre dont les raisons remonteraient bien plus loin, issues d’une jalousie envers le faste des Troyens.

Une explication qui met en lumière les vraies raisons de la fuite d’Hélène, son mal-être, son attirance pour Paris.

Une description des derniers instants de la guerre, après l’intrusion du cheval.

Une inversion des rôles, quand le bourreau devient victime.



J’ai découvert cette pièce grâce à une baladiffusion sur France Culture :

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/fictions-theatre-et-cie/menelas-rapsodie-et-helene-apres-la-chute-de-simon-abkarian-2433449



Un superbe moment autour d’une nuit de veille.

Moment d’intimité, de partage.


Lien : https://www.facebook.com/pir..
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Pénélope, ô Pénélope

Dans un pays qui a connu la guerre, Dinah est une femme délaissée car son mari est parti il y a 10 ans. Elle a protégé son fils Theos en l'éloignant.



Ante, un despote, harcèle Dinah et veut la forcer à être sa femme. le beau-père de Dinah avait autrefois tué le père de Ante et la haine est farouche entre les 2 clans. Entre vengeance, féminisme, morts et vivants, un dernier pas de deux va se jouer et mettre fin au destin.
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Electre des bas-fonds

Il est toujours délicat de se frotter à la réécriture d'une tragédie grecque, de la rendre moderne sans en perdre la profondeur, la substance vive et la force épique... Mais pas lorsqu'elle est mise au goût du jour par Simon Abkarian, qui il faut le dire, s'en sort avec les honneurs !



Sa relecture d'Electre n'est rien d'autre que puissante. Il prend son temps, donne au texte l'espace nécessaire au complot, à la haine, à la vengeance. Les chants et les danses accompagnent réflexions et points de vues des protagonistes, à savoir qui est le véritable monstre de l'histoire : Clytemnestre, qui a sauvagement assassiné le grand roi Agamemnon ? Ou bien ce dernier, qui exécuta sa fille Iphigénie pour gagner la faveur des Dieux ? Vers qui donner notre empathie : les enfants trahis, ou la mère amputée de son enfant ? Difficile de s'en mêler, le dramaturge nous laissant simple spectateur de la haine d'Electre, de l'impatience d'Oreste, du deuil impossible de Clytemnestre... Mais le mieux que vous ayez à faire est de prendre un ticket pour les bas-fonds crasseux et moites d'Argos et de vous mêler aux racontars des choreutes. Entrez dans la danse maudite des Atrides, le rythme vous fera tourner la tête !
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Ménélas rapsodie

L'un des chants de l'Iliade, celui qui conte la peine du roi Ménélas, abandonné par sa reine Hélène, revisité dans ce monologue déchirant. Ménélas est l’archétype du cocu et de la brute, trahi par sa femme dont il est éperdument amoureux, un homme qui en devient une victime pitoyable.



Dans ce texte magnifique, l'auteur pousse les émotions à l'extrême, les mots de Ménélas sont âpres, véhéments, insultants, touchants. Le roi de Sparte hurle son amour et son désarroi, une douleur universelle, belle et violente que chacun de nous a expérimenté au moins une fois dans sa vie.



Un rôle extraordinaire.







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Hélène après la chute

Actes Sud publie cette pièce de l’acteur et dramaturge Simon Abkarian, un texte puissant consacré aux retrouvailles d’Hélène et Ménélas dont la lecture double le plaisir du spectacle sur scène.
Lien : https://www.la-croix.com/cul..
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Electre des bas-fonds

Intolérante aux tragédies grecques à cause de leurs écritures surannées, j'ai tenté ce petit livre : un régal ! Les parentés deviennent accessibles et les sous-entendus ne le sont plus....
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L'envol des cigognes

Troisième opus de Simon Abkarian après Pénélope , Ô Pénélope et Le Dernier Jour du Jeûne qui évoque un pays déchiré par une guerre civile où l'on sent bien à travers les mots qu'il s'agit d'une guerre au nom d'une religion, d'un côté les extrémistes, de l'autre des gens tolérants et généreux. C'est du côté de ces derniers que se trouve la famille de Nouritsa, la mère et de Théos, le père, famille exemplaire car symbolisant une nation toute entière avec ses enfants, ceux qui combattent (Astrig la fille et son mari Aris), ceux qui fondent des familles et qui fuient le pays en guerre pour mieux le reconstruire ailleurs (Zéla, la fille ainée et Xénos le mari étranger). Cette famille va recueillir Orna, jeune fille emblématique de tous les crimes de guerre, violée et torturée pendant de longues journées qui a réussi à s'enfuir, trompant la vigilance de ses bourreaux. Elle va faire le récit de son calvaire et la famille de Nouritsa la vengera , tuant à son tour les bourreaux.

Cette pièce de théâtre en 5 actes , prenante grâce à l'écriture métaphorique, poétique de Simon Abkarian, dévoile ces destins comme autant de tragédies universelles et intemporelles où certains hommes à jamais peuvent faire preuve de barbarie et d'autres de grandeur d'âme et de sacrifice.
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Le dernier jour du jeûne

Beaucoup moins enthousiaste que pour son Electre des bas fonds, je trouve que Simon Abkarian y met une dose excessive de grossièreté. Âme sensible s'abstenir !
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