Citations de Simon Abkarian (22)
ZELA. Tu te souviens, quand, petites, nous faisions de la balançoire?
ASTRIG. Oui.
ZELA. On disait que ça nous faisait des papillons dans le ventre et de la rosée dans la culotte.
ASTRIG. Ça nous faisait jouir.
ZELA. Eh bien, quand il est entré, ça m'a fait pareil. Mon cœur s'est emballé, je me suis mise à mouiller.
ASTRIG. Ça, ça ne trompe pas. C'est bien lui.
ZELA. Qu'est ce qui ne trompe pas? Mon cœur ou mon ventre?
ASTRIG. Les deux, ma Zéla. L'un sans l'autre c'est du temps perdu.
ZELA. Tu te souviens, quand, petites, nous faisions de la balançoire?
ASTRIG. Oui.
ZELA. On disait que ça nous faisait des papillons dans le ventre et de la rosée dans la culotte.
ASTRIG. Ça nous faisait jouir.
ZELA. Eh bien, quand il est entré, ça m'a fait pareil. Mon cœur s'est emballé, je me suis mise à mouiller.
ASTRIG. Ça, ça ne trompe pas. C'est bien lui.
ZELA. Qu'est ce qui ne trompe pas ? Mon cœur ou mon ventre?
ASTRIG. Les deux, ma Zéla. L'un sans l'autre c'est du temps perdu.
Qu'en disent les cormorans ? Volez, frères oiseaux, volez, la beauté n'attend pas, le monde est une fenêtre, j'y suspendrai l'envol ; de mes dix doigts, je ferai un bouquet de lumière et sculpterai vos ombres, puis dans la douceur d'une chambre noire, les révèlerai à vous-mêmes, les étendrai comme un linge qui attend la naissance d'une offrande... d'un regard.
MENELAS Depuis que tu es partie, notre lit est un tombeau qui se refuse à moi.
HELENE C'est moi, souviens-toi, qui pourrissais dans ce tombeau.
Moi qui me couchais comme morte auprès de ton absence.
Jour après jour, ma vie se fanait dans le vase de ma jeunesse.
Sans nommer la cage, comment dire l'envol ?
Depuis que tu es partie notre lit est un tombeau qui se refuse à moi.
Tout réconfort m’est étranger.
Je comprends maintenant l’Exil que chantent les bardes venus de la
lointaine Ionie, je comprends l’amertume du pain et du vin quand
on est l’étranger.
Je comprends que je suis mort à la joie.
Le vent et moi, nous errons dans le palais que tu as déserté.
Les statues aux belles formes se sont figées.
Les miroirs se sont éteints.
Les chansons se sont tues.
Aphrodite tout entière s’est enfuie.
Derrière les voiles qui flottent devant les fenêtres, je revois l’aube
de ta fuite.
Dans ton sillage, mes yeux se sont repus de sel.
Les portes et les fenêtres crient : “Hélène ! Hélène !”
Si je suis fou, dis-moi que je le suis, mais ne me laisse plus errer
entre l’amour et la mort.
Et d’ailleurs, que ferait-elle d’un déjà mort, la mort ?
Si je ne tremble ni ne supplie, quel serait son plaisir ?
éperdu dans le pays du perdu
- La patience d'Electre, je l'ai fait durer comme l'esclave sa ration.
- L'arme suprême du stratège, c'est sa patience.
- La haine n'a plus une seconde à se mettre sous la dent.
- Electre, il faut prier et partir. Le Soleil, vêtu de sa cuirasse de feu, marche sur la Lune et son armée d'étoiles, Bientôt nous serons à découvert à la merci de nos ennemis. Vite !
Toi ton chagrin tu le prostitues afin de plaire à tous
ZELA. Ô Aphrodite des eaux, faites que je le voie! C'est mon sang et mon corps que je viens t'offrir. Ô déesse de la mer et des rivages, maîtresse des îles et des fleuves, des marées et des tempêtes. Ô dame des eaux, je t'en supplie, montre-moi celui que j'attends. Qu'il vienne enfin! Mes louves et moi n'en pouvons plus d'avoir chaud sans lui. Ô mon inconnu, viens accoster dans ce golfe de chair. Ma meute et moi, nous serons ta clairière, le cirque qui t'enserre, le théâtre dédié à toi. Parle, fais danser en nous le verbe originel : c'est pour cela que nous avons couru. Nos oreilles pleines de toi, nous te les offrons. Viens faire ton entrée, ne nous laisse pas sans toi. Viens danser sur nos ventres tendus.
NOURITSA. Lire les rêves est un don. Ça ne s'apprend ni ne s'enseigne dans les livres.Le rêve, c'est la lecture d'avant l'écriture. C'est le jardin d'avant où l'homme ne se distingue pas encore de la bête et là, il n'y a ni rituel ni raison ni bibliothèque. Il y a l’innocence. Il y a l'interprétation d'empreintes laissées sur le chemin du temps. Et c'est cette lecture qui met en lumière le monde des choses cachées.Non pas celle des livres écrits par des savants incultes qui occultent les énigmes de l'âme, en enferment le mystère de l'être entre les nombrils du père et de la mère.
SANDRA. Donc pour toi, l'ego n'existe pas??
NOURITSA. L'ego n'est rien puisqu'on peut le tuer.
SANDRA. Avec quoi? Avec un couteau aveugle?
NOURITSA. Le territoire du rêveur est beaucoup plus vaste, sa terreur beaucoup plus complexe.
ASTRIG. Je ne parle pas de toi, là, je parle de moi! Je veux vivre, je veux guérir!
NOURITSA. Je veux, je veux, je veux. Ta tante aussi elle a voulu: regarde ce qu'il en reste. Elle parle sept langues, a été la première femme avocate du quartier, tous les livres que tu vois: elle les a lus. Tous ça pour quoi?
SANDRA. Pour saluer le soleil.
NOURITSA. Magnifique! Crois-moi ma fille, contente-toi de savoir lire un peu, de quoi écrire ton nom, de compter...Le savoir n'est enfermé dans aucun livre mais dans l'expérience vécue par chacun. A quoi bon les livres?
SANDRA. A isoler les murs, à démarrer un feu, à faire des pliages, à se torcher.
Puissent-ils tes flancs prompts à la saillie s’assécher à jamais !
Puisse ton mariage avec Pâris devenir ton enterrement !
Ta mère Léda, puisse-t-elle se noyer sous un océan de crachats !
Puisse-t-il l’opprobre ne jamais quitter son front !
Puisse-t-il ton père Tyndare se ronger de honte jusqu’au bout de
son être !
ô mon inconnu, viens accoster dans ce golfe de chair. Ma meute et moi, nous serons ta clairière, le cirque qui t'enserre, le théâtre dédié à toi.
mon fils, si tu la soupçonnes, ne l'épouse pas. Mais si tu l'épouses, ne la soupçonne pas. Si tu aimes ta femme, fais-en l'éloge avant qu'elle ne soit morte.
Putain venue de Sparte ! Avaleuse de verges ! Ventre jamais comblé ! Fente gorgée de foutre ! Adultère mangeuse d’hommes ! Colporteuse de plaisir ! Hélène, puisses-tu crever sous une pluie de pierres !
MÉNÉLAS. Ton amant Paris, en t'enlevant à moi, a violé ce qu'il y avait de plus sacré, la table de I'hospitalité. Il a subi ce qu'il devait subir, afin que dans les siècles des siècles la porte du Grec reste ouverte à jamais. Afin que sa table soit toujours dressée pour celui qui viendra. N'est -ce pas l'hôte qui nous apprend le partage et fait de nous une civilisation ? Nous ne sommes ni raffinés ni sophistiqués comme l'entendent les Troyens. L'édifice de notre monde tient sur des piliers simples et robustes. Honneur, courage, amour et fidélité. L'hôte est notre dieu vivant, I'hospitalité le temple qui l'abrite. Les Argiens se sont levés pour défendre notre foi, non pas pour le rapt d'une femme ni pour les trésors dont regorge le palais de Priam.
Trouve-toi un siècle où les puissants prêtent l’oreille au peuple sans rire de sa misère. Toi qui es roi et qui crois au royaume des morts et toutes ces sornettes, tu auras beau mourir et renaître, époque après époque, tu verras que rien n’aura changé. Chaque siècle laisse à sa descendance l’abcès qu’elle aura engraissé.
Laissons une chance au vin de vaincre nos rancœurs mises au fer de nos passions.