Des voyageurs venus de contrées et d’époques lointaines occupaient des tables autour de nous. Des héros, des criminels, et tout ce qui pouvait se trouver entre les deux. Il y avait un petit plus, cet échantillon de personnes qu’on rencontre seulement dans ce genre d’endroit. Des cadors, des truands de haut vol, des brutes, des nettoyeurs et d’autres représentants de la Ligue des salopards extraordinaires.
L’assassin sonique vantait les mérites de son nouveau vibrocanon au Sorcier de Notting Hill, L’Aventurier victorien, à des années lumière de son époque, saoulait délicatement sa nouvelle copine, une strip-teaseuse locale, avec un champagne d’exception. Le prince d’Ambre était assis tout seul, comme à l’accoutumée, et se demandait comment il avait pu atterrir ici. Il y avait pas mal d’espions divers qui mettaient un point d’honneur à ne pas se remarquer les uns les autres, et, fait hallucinant, les cinq frères Tracy assis à la même table. Dans le coin opposé, le clan Cornélius faisait son raffut habituel en gonflant une addition qu’il n’avait aucune intention de payer. Je ne pus m’empêcher de sourire. Rien ne changeait vraiment dans ce bar, et c’était une des raisons de son succès. Dans la joie et la fierté la plus totale, Le Papillon de fer s’était soustrait au joug du temps qui passait.