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Citation de Charybde2


Calabretta, Stanislawski, Schulle et Brückner sont arrivés. C’est vraiment chouette de les retrouver, ces quatre-là. Ils constituent une sorte de security spirituelle. Une copie de sauvegarde du passé. Nous sommes comme une vitre que la vie aurait brisée en sautant à travers à plusieurs reprises ; nous avons voltigé en l’air comme des éclats de verre qui savent où est leur place et qui se recollent à chaque fois. Pour former une nouvelle vitre, plus aussi lisse ni aussi propre par endroits, mais toujours à peu près transparente.
En un tour de main, les collègues de la Mordkommission se sont installés au bureau du groupe d’enquête – ce sont de vrais pros, très flexibles. Schulle et Anne Stanislawski sont scotchés àleur téléphone, Calabretta est devant son ordi portable. Brückner note au tableau blanc les infos que ses collègues dénichent au fur et à mesure oralement ou sur le Net. Sous le nom de Nouri Saroukhan a été tracé un trait vertical à droite duquel on lit :

Fac de Hambourg
Études de droit (interrompues)
Compagnie d’assurances AKTO (employeur actuel)

Et à gauche :

Clan Saroukhan
Brême
Aussi Hambourg maintenant ?

Le côté gauche, c’est le chantier de Stepanovic,, Rocktäschel, Lindner et sans doute aussi le mien ; le droit, celui de la Mordkommission, en tout cas au début, les premières heures, les premiers jours. Ensuite, on met toutes nos infos en commun.
Stepanovic a téléphoné en fumant manifestement un demi-paquet, son visage est tout gris, il s’appuie au chambranle de la porte. Sa chemise est froissée. Assieds-toi donc.
Il salue de la tête la Mordkommission qui s’active : « Chers collègues. »
Les enquêteurs font un bref geste de la main et opinent sans vraiment faire attention. Anne Stanislamwski est la seule à lever la tête, tout en tortillant entre deux doigts ses boucles d’un roux vénitien. Sur son front, entre les taches de rousseur, se sont creusées trois rides ; elle presse son oreille contre l’écouteur et marmonne on ne sait quoi dans l’appareil. Depuis peu, étonnamment, les cheveux blonds de Schulle, qui réagit à peine à l’arrivée de Stepanovic, sont bien peignés et divisés par une raie ; Brückner semble vouloir apprendre par cœur ce qu’il a écrit au tableau – contrairement à Schulle, il aurait urgemment besoin d’une coupe pour arrêter de ressembler à un surfeur vieillissant. Calabretta accompagne son hochement de tête d’un sourire jovial mais comme tourné vers l’intérieur, lui aussi est au téléphone.
L’essentiel, c’est qu’il soit là ; ça, c’est vraiment chouette.
« Tout se passe comme sur des roulettes. » Stepanovic aime bien la façon dont le travail s’effectue. Dans le calme et la concentration. « Au fait, on a récupéré une machine à café ? »
Je regarde Lindner, qui rougit parce qu’il ne s’en est pas occupé : il tente d’aider Rocktäschel à trier et imprimer les photos de la scène de crime en restant assis à côté de lui.
« Ben alors, Lindner, vous auriez pu marquer des points. C’est trop bête. »
Il me rend mon regard, une veine tressaille sur sa tempe, sur la mienne aussi je crois. Il y a des gens avec lesquels la vie est encore plus difficile qu’avec d’autres.
Stepanovic a capté, il se rapproche de moi.
« Tâchez de vous entendre, chers amis. Départ pour Brême dès aujourd’hui, les collègues des bords de la Weser sont d’accord. Lindner, Rocktäschel – rentrez chez vous prendre des affaires, on va y rester quelques jours. »
Il me regarde.
« Tu viens avec nous ? Ça promet d’être intéressant. »
Calabretta lève les yeux de son ordinateur. « Allez-y, on gère. Encore quelques coups de fil et nous aussi on va sur le terrain. »
Je dis : « D’accord, Calabretta, on fait comme ça. »
Et je pars boucler ma valise.
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