Hercule Poirot sera donc et désormais de tous mes voyages, chez nous, en Europe, dans le monde, en Orient, surtout en Egypte. Il débarquera dans tous les sites de tourisme, sera de tous les voyages d'affaires, d'études et de recherches historiques qui m'accueilleront. Il sera partout où le destin ou le hasard me propulsera. Il sera souvent de passage en Méditerranée où je le ferai se lancer dans des enquêtes pas toujours policières. Il aura eu, dans une époque antérieure, comme je le laisse quelquefois sous-entendre, une mystérieuse et très brillante carrière d'espion qui semblera devoir se poursuivre très discrètement et au service de nos puissances alliées, en guerre !
Cinq heures du matin en gare d'Alep est l'heure de la toute première fois de mon arrivée à Alep et de ce premier voyage en O Les années suivantes a gare d'Alep me sera très familière, et Alep plus que Damas, la capitale. À chacun de mes voyages, je faisais escale à Alep ! J'y arrivais toujours avec le plus grand plaisir. C'est sans aucun doute la ville d'Orient que j'ai, ensuite, retrouvée avec le plus de soulagement pendant de nombreuses années. Quand des années plus tard, je revenais des chantiers de nos fouilles au nord de la Syrie, le plus souvent seule ou avec Max qui était devenu mon époux, je regagnais mon hôtel favori : l'hôtel baron. Situé pas très loin de la gare bordée d'un joli parc, l'hôtel se découvrait, et se découvre toujours, un peu à l' est d'une grande place, en plein centre de la cité moderne. Il est un peu à l'écart de la ville ancienne, à deux pas des murailles antiques qui l'enserrent et donnent accès par ses différentes portes aux grands souks, puis à la haute
citadelle et à la grande Mosquée.
L' hôtel était devenu, depuis son ouverture, le lieu de rendez-vous incontournable des visiteurs arrivés en Syrie, de toutes nationalités : diplomates ou administrateurs, officiers des armées installées au Levant, ou archéologues, historiens spécialistes de toutes les périodes antiques d'une si longue existence, aventuriers, espions ou les deux à la fois, mais surtout marchands de tous les arrivages de produits divers fabriqués un peu partout. Il s'y retrouvait aussi les grands marchands de troupeaux d'ovins se rendant depuis la Turquie dans tous les campements de bédouins du désert, ou encore de ces amateurs de chevaux arabes parcourant les pâturages des tribus pour y découvrir des spécimens de la plus pure des races.