La mémoire ne vaut pas que pour le Souvenir ! Elle vaut aussi pour le Devenir...
Deux jours avant sa mort, Barbie a reçu un journaliste, M. Claude Régent, qui lui a posé la question suivante :
"Monsieur, vous êtes en phase terminale de votre maladie et vous le savez. Lorsque vous aurez fini de vivre, pourrai-je dire à Madame Lagrange que vous avez des regrets ?"
Le condamné, avec son sourire habituel, lui répondit en ces termes : "Dites à cette femme que le seul regret que j'ai est celui de n'avoir pas pu terminer ce que j'avais commencé."
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« Et si un jour nous voulions raconter cela ? Avec quels mots le ferions-nous? Et qui pourrait nous croire ? Mais serions nous un jour de retour? Oh oui, il le faut que je revienne! Il ne faut pas que tout cela tombe dans l’oubli. Car si cela arrivait, alors tout pourrait recommencer... »
Ce combat à mener contre l'oubli m'avait toujours passionnée. Il me semblait que mon retour des camps n'était pas anodin et que le miracle de ma survie me chargeait de la mission de transmettre, au nom de tous ceux des miens qui n'ont pu le faire.
Il me semble aujourd'hui, après tant d'années, qu'une page d'histoire reste encore à écrire : celle de la Résistance des enfants auxquels, souvent, ont été confiées des missions à remplir, donnés des messages à porter. J'ai une pensée émue pour ces jeunes filles et garçons dont on a retrouvé les corps suppliciés, criblés de balles, pendus aux branches des arbres, tués au coin d'une rue. Souvent, ils n'avaient pas seize ans, l'âge des premiers amours mais, pour eux, l'âge de la mort.
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Le printemps pourtant est là. Mais les oiseaux témoins de cet assassinat se taisent, blottis dans les branches, sans doute effrayés par la folie des hommes.
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