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Critiques de Simone Pétrement (3)
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La vie de Simone Weil

Il serait prétentieux de ma part de commenter cette biographie de Simone Weil par Simone Pétrement qui constitue une somme sur la pensée et la vie de son amie. Née en 1907, elle fut de la même promotion à l'Ecole Normale Supérieure, agrégée comme elle de philosophie et docteur ès lettres (Paris, 1947), puis, après peu de temps passé dans l'enseignement, conservatrice à la Bibliothèque nationale de France.



Elle mourut en 1992 et ce fut cinq ans après que fut publiée aux éditions Fayard "La vie de Simone Weil".



En tant qu'amie, elle nous fournit des témoignages de première main sur la personnalité de Simone Weil et de nombreux extraits de correspondance. Elle a fait un travail gigantesque, sans doute le plus abouti aujourd'hui, en tant qu'amie et philosophe.



Car elle était particulièrement bien placée pour évoquer la pensée et la spiritualité de Weil, étant elle-même spécialiste du platonisme, du gnosticisme et du manichéisme.



C'est aussi un grand plaisir de lecture et on ne s'ennuie jamais au cours de ces 700 pages.
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La vie de Simone Weil, tome 2 : 1934-1943

Dans ce second volume, Simone Pétrement écrit, s'exclame presque "Simone était une Sainte"! Cette dernière aurait été la première surprise d'un tel qualificatif. Mais la lecture de sa vie, lecture qui a provoqué chez moi une vive émotion, permet de comprendre la singularité de cette jeune (pour l'éternité) philosophe qui a endossé (presque dès l'enfance) l'habit de la souffrance par solidarité avec toute la souffrance humaine, en général et, en particulier, celle des ouvriers, des paysans, des colonisés, de tous ceux qu'un pouvoir quelconque, même avec les meilleures intentions, soumet. C'est d'ailleurs pour cela, quoique syndicaliste engagée, qu'elle n'a plus cru en la révolution.

Une souffrance accompagnée d'une quête de Dieu, une souffrance solidaire de celle du Christ en qui elle a mis sa foi tout en demeurant au seuil de la religion catholique au nom de sa liberté intellectuelle et parce qu'elle se sentait solidaire de tous ceux qui n'étaient pas accueillis au sein de l'Eglise.

Une souffrance telle ! qu'elle a conduit pratiquement à une dissociation de son corps et de son esprit, une indifférence à l'égard de son être charnel, et des dangers qu'elle lui faisait courir.

Quand, en même temps que son "attente de Dieu", il lui est apparu qu'on ne la laisserait pas se mettre en danger en l'envoyant en France servir la Résistance, comme elle le désirait si ardemment, cette indifférence au corps, à force de privation de nourriture, s'est accentuée pour en faire un être presqu'immatériel selon le mot d'une personne qui l'a connue au sanatorium londonien où elle a passé ses dernières semaines, ses derniers jours.

On peut, avec Simone Pétrement, dire que cette âme dont la noblesse est reconnue par tous ceux qui l'ont approchée était bien une Sainte !



Pat

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La vie de Simone Weil, tome 1 : 1909-1934

1909 (année de sa naissance, le 3 février à Paris) à 1934, année où elle décida de se mettre en congé de l'enseignement public pour entrer en usine ; c'est la période de la vie de Simone Weil que raconte ce premier des deux volumes de la magnifique biographie écrite par Simone Pétrement, son amie et condisciple à l'Ecole normale supérieure de jeunes filles (ENSJF) ou Sèvres ; toutes deux ayant été élèves d'Alain. On y perçoit, d'ailleurs, toute l'affection que porte l'auteure à son amie.



Cette lecture m'a beaucoup ému et me fait davantage aimer cette philosophe, cette âme si belle ! On y découvre une Simone enfant et adolescente espiègle, pleine d'humour, très proche de son génie de frère, futur grand mathématicien, André Weil, tous deux jouissant, au sein d'une famille juive agnostique et plutôt aisée, d'une grande liberté, de beaucoup d'amour et d'une extraordinaire atmosphère de culture.



On la retrouve plus tard au lycée H. IV en khâgne, puis à Normale sup. , tour à tour provocatrice, rétive à l'autorité administrative de l'école, peu conventionnelle, n'attachant aucune importance à son aspect extérieur et à ce qu'en pensent les autres, et d'une intelligence qui force le respect aussi bien de ses professeurs que de ses condisciples, et surtout, engagée aux côtés des plus faibles et ce, depuis sa plus tendre enfance. L'agitatrice se voit vite affublée du surnom de « Vierge rouge !! »



A la sortie de l'Ecole, elle se retrouve professeure agrégée de philosophie enseignant au Puy, ensuite à Roanne, syndicaliste infernale, de tous les combats aux côtés des instituteurs, des chômeurs, des mineurs de St-Etienne, catégorie pour laquelle elle éprouve une véritable amitié.



Cette fraternité avec les plus humbles, les plus déshérités, lui vaudra beaucoup de soucis avec l'administration scolaire, la presse de province qui en fait une communiste à la solde de Moscou. Ce dont elle se moque en redoublant de provocation (participation à des manifestations d'ouvriers en portant le drapeau rouge, en tête de cortège, par exemple).



Ils rêvent de s'en débarrasser, mais ses élèves la défendent car, elle est une professeure douée, qui se dépense sans compter pour leur apprendre à penser, à développer leur esprit critique.



Elle est de tous les débats, de toutes les disputes politiques et syndicales à Paris comme en province, elle s'exprime et écrit beaucoup, donne des cours aux ouvriers afin qu'ils aient leur part à la culture, au savoir, elle leur enseigne à comprendre Marx, et ils sont nombreux à venir l'écouter...



Cette implication syndicalo-politique l'amène à côtoyer des leaders révolutionnaires importants de l'époque, à Paris comme en province, notamment, Trosky, des membres du parti communiste qui voient en elle une adversaire résolue. En effet, elle dénonce sans ambiguïté la déviation de la révolution d'octobre qui n'a abouti qu'au stalinisme, et reproche aux communistes et aux socialistes allemands, la défaite des ouvriers face au nazisme.



Elle implique sa famille, toujours solidaire, notamment sa mère, si proche, dans l'aide à apporter aux réfugiés allemands ayant fui l'hitlérisme (logement, nourriture, argent). C'est d'ailleurs une caractéristique chez Simone Weil, elle dépense une partie de son traitement pour les ouvriers, les réfugiés.



Elle manifeste dans toutes ses actions une volonté de fer, pour soutenir et défendre les ouvriers, les chômeurs, leur venir en aide, en s'oubliant elle-même, en prenant tous les risques avec l'administration, notamment, car son poste a parfois été en jeu. Cette volonté de conformer son action à ses convictions et à ses valeurs, ne laisse pas d'étonner.



Simone Weil est pourtant un être plutôt fragile, facilement fatiguée par tout ce qu'elle entreprend sans s'accorder véritablement de repos au grand dam de « Mime » sa mère (cours supplémentaires pour ses élèves, réunions syndicales, rédaction d'articles, enseignement en dehors de son travail aux ouvriers, déplacements incessants, etc.) ; de plus, elle est affligée de migraines féroces qu'elle traînera durant toute sa brève existence ; elle oublie même de se nourrir, ce qui ne manque pas d'inquiéter des amis syndicalistes qui la voudraient voir en meilleure santé, mieux nourrie.



Ses périodes de repos sont encore pour elle l'occasion de vivre la vie harassante des paysans, ou celle des pêcheurs en Normandie en sortant de nuit en mer avec eux, sans crainte et sans se soucier du qu'en-dira-t-on.



Elle avait voulu changer le monde par une révolution aboutissant à faire accéder les ouvriers au pouvoir ; cependant, lucide et prophétique, elle s'est rendu compte que son rêve ne se réalisera pas ; l'Etat bureaucratique triomphera toujours comme en Russie et asservira le peuple ouvrier.



Elle le fait savoir dans son fameux texte, « Réflexions sur les causes de la liberté et de l'oppression sociale » qui aura un grand retentissement en Europe.



Ce qui ne l'empêchera pas de se mettre en congé de l'enseignement public pour entrer en usine afin de connaître et de ressentir dans sa chair et dans son âme la condition de l'ouvrier asservi par le machinisme.



Pat



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