Dans ce second volume,
Simone Pétrement écrit, s'exclame presque "Simone était une Sainte"! Cette dernière aurait été la première surprise d'un tel qualificatif. Mais la lecture de sa vie, lecture qui a provoqué chez moi une vive émotion, permet de comprendre la singularité de cette jeune (pour l'éternité) philosophe qui a endossé (presque dès l'enfance) l'habit de la souffrance par solidarité avec toute la souffrance humaine, en général et, en particulier, celle des ouvriers, des paysans, des colonisés, de tous ceux qu'un pouvoir quelconque, même avec les meilleures intentions, soumet. C'est d'ailleurs pour cela, quoique syndicaliste engagée, qu'elle n'a plus cru en la révolution.
Une souffrance accompagnée d'une quête de Dieu, une souffrance solidaire de celle du Christ en qui elle a mis sa foi tout en demeurant au seuil de la religion catholique au nom de sa liberté intellectuelle et parce qu'elle se sentait solidaire de tous ceux qui n'étaient pas accueillis au sein de l'Eglise.
Une souffrance telle ! qu'elle a conduit pratiquement à une dissociation de son corps et de son esprit, une indifférence à l'égard de son être charnel, et des dangers qu'elle lui faisait courir.
Quand, en même temps que son "attente de Dieu", il lui est apparu qu'on ne la laisserait pas se mettre en danger en l'envoyant en France servir la Résistance, comme elle le désirait si ardemment, cette indifférence au corps, à force de privation de nourriture, s'est accentuée pour en faire un être presqu'immatériel selon le mot d'une personne qui l'a connue au sanatorium londonien où elle a passé ses dernières semaines, ses derniers jours.
On peut, avec
Simone Pétrement, dire que cette âme dont la noblesse est reconnue par tous ceux qui l'ont approchée était bien une Sainte !
Pat