Siobhan Gabrielly

Je sors de l’atelier de ma chérie encore grisé par ce qui vient de se passer, autant à la tour Eiffel on peut dire que l’alcool nous a décoincés, mais là, dans son bureau, waouh je suis agréablement choqué, elle s’est jetée sur moi et on a fait l’amour comme ça sur son petit sofa dans son bureau avec ses collègues de travail juste à côté comme quoi elle cache bien son jeu sous ses airs de jeune fille de bonne famille se cache une louve.

Je sors de l’atelier de ma chérie encore grisé par ce qui vient de se passer, autant à la tour Eiffel on peut dire que l’alcool nous a décoincés, mais là, dans son bureau, waouh je suis agréablement choqué, elle s’est jetée sur moi et on a fait l’amour comme ça sur son petit sofa dans son bureau avec ses collègues de travail juste à côté comme quoi elle cache bien son jeu sous ses airs de jeune fille de bonne famille se cache une louve.

En fait, ce que je vis me fait comprendre ce que l'on dit à propos des icebergs: on s'attarde à la partie visible pendant que celle immergée se noie en silence.

Tu es le sens de chaque battement de mon cœur.

La perfection n'existe pas, c'est bien connu !

Et surtout, qu’apparemment il m’a surpris en train de faire des folies avec Jérémy bien que je n’ai aucune honte de ce qu’il s’est passé à la tour Eiffel, bien au contraire. Le simple fait d’être regardée Alexis qui me désire et fantasme sur moi me répugne.

Ne dit-on pas « le malheur des uns fait le bonheur des autres » ? Ainsi va le monde, j’en suis persuadée. Je me repais des peines de mes clients, elles m’habitent, me nourrissent et me confortent dans l’idée que l’amour, l’amitié et les débordements d’hypersentimentalité sont inutiles et douloureux. Tous ces débordements d’amour et d’affection me débectent. Mon entourage professionnel est unanime : je n’ai pas de cœur et je pense sincèrement qu’ils ne se trompent pas. Quant à ce stupide barbecue patriote, c’est définitif, je n’irai pas. Je n’aime pas l’idée de devoir me mêler à mes collègues de travail, pour lesquels je n’éprouve qu’indifférence et mépris.

Nous, les Cooper, vivons dans un monde où le paraître compte beaucoup à nos yeux. Pas de place pour l’affection ou les démonstrations d’amour, tout est millimétré, cadré, figé sur du papier glacé. Ma famille est riche et influente, tout doit être parfait et chacun se doit d’être irréprochable.

Pour mes parents, la peine est double. Ils doivent se faire à l’idée que je peux m’éteindre à tout moment et accepter le fait que je passe pour un joueur déchu, bagarreur, violent, arrogant. Tout ça pour ne pas paraître faible et vulnérable. Tout ça parce que je me voile la face et ne veux pas admettre qu’à mon âge je peux mourir du jour au lendemain.

Malgré mon retard qui commence à se creuser, je remplis rapidement la gamelle de Méphisto, mon chat. Secrètement, je jalouse sa vie : passer ses journées à flâner, manger et se faire dorloter, il y a pire comme destin. Si je croyais au karma, je demanderais à être réincarnée en félin. Mais attention ! En un beau spécimen de salon, pas une espèce de matou de gouttière sale et mal nourri. Mon chat est un sacré chanceux, il se complaît dans le luxe et l’excellence tout comme moi, et si je n’avais pas la crainte d’avoir des poils partout sur mon joli tailleur, je le prendrais bien dans mes bras uniquement pour l’entendre ronronner de bonheur.

Je ne suis pas comme toutes ces stupides petites filles bien sages ; enfin, je veux dire les naïves qui rêvent de mariage, enfants, maison et chien. Moi, je souhaite vivre seule et dans le luxe. Depuis mon divorce, je n’ai jamais laissé personne se mettre en travers de mon chemin. Pour parvenir à mes fins, j’avoue avoir eu recours à des actions peu glorieuses. J’assume tout et n’éprouve ni regrets ni remords. Le jour de mon jugement, je serai bien droite devant le Seigneur – ou plus probablement Satan – et je le regarderai avec dédain, comme je le fais pour chaque être qui croise ma route.