L'Église s’est développée dans des conditions qui excluent toute idée d’art véritable. Elle attendit longtemps — les trois cents ans de sa clandestinité — pour admettre des « musiciens » professionnels parmi ses clercs; encore le fit- elle avec la prudence de toutes ses démarches, exigeant que ces spécialistes fussent soumis aux règles du culte. A mesure que la liturgie se développera, la place de ce spécialiste, son métier, se fixeront et le chantre lui-même deviendra au IXe siècle un fonctionnaire chargé d’enseignement. L’indispensable leçon lui revient, des textes mystiques auxquels la musique confère un total pouvoir d'expression. Le chantre va traverser l’histoire du christianisme; à mesure que les cérémonies se développent, il devient plus savant, son métier devient art. Il est chargé d’exprimer ce que les mots, laissés à eux-mêmes, diraient pauvrement : la félicité de l’âme, l’exultation, l'émotion profonde, la prière fervente.