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Citations de Sonia Maria Giacomini (17)


Nous pensons avoir fourni, tout au long de cet essai, suffisamment d’éléments pour démontrer que, dans le récent passé colonial-esclavagiste du Brésil, l’oppression des femmes blanches n’a jamais eu pour contrepartie une plus grande liberté des Noires esclaves. La répression de la sexualité des Blanches et la pseudo-liberté sexuelle des Noires ne sont que deux formes particulières, déterminées par des positions de classe différentes, de l’exercice de la domination patriarcale-esclavagiste.
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L’existence de « mères nègres » révèle une facette supplémentaire de la mainmise de la casa-grande* sur la senzala*, dont le corollaire inévitable était la négation de la maternité des esclaves et le massacre de leurs enfants. Pour que l’esclave devienne la mère nègre de l’enfant blanc, il fallait lui interdire d’être la mère de son enfant nègre. La multiplication des petits maîtres impliquait l’abandon et la mort des négrillons. En intégrant ainsi la femme noire au cycle reproductif de la famille blanche, l’esclavage réaffirmait l’impossibilité pour les esclaves de créer leur propre espace reproductif.
Dans une société où l’idéologie dominante considère la maternité comme la fonction sociale de base pour les femmes, l’esclave devenue nourrice vit, avec la négation de sa maternité, la négation de sa condition de femme. Aussi paradoxal que cela paraisse, c’est sa physiologie féminine – sa capacité de lactation – qui fait obstacle à la réalisation de son potentiel maternel.
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Les qualités physiques et la sexualité respectives des maîtresses et des esclaves jouaient des rôles antagonistes dans la société patriarcale esclavagiste. Tandis que la sexualité des premières se limitait à la procréation dans le cadre de relations conjugales, les secondes, ravalées au rang d’objet sexuel que s’appropriait l’homme blanc, se voyaient tout autant dénier la maternité que la possibilité de relations familiales. Tout oppose les maîtresses blanches, mères chastes et pures, aux esclaves noires, sensuelles, lascives, immorales, sans religion et infanticides.
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La mémoire du passé esclavagiste rappelée par les descendants des esclaves contribue de façon essentielle à soutenir la construction de la confiance, de la fierté et de la lutte pour la mise en place d’une démocratie raciale effective, qui ne soit pas fondée sur la négation de l’héritage du passé
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Vouloir comprendre la formation du prolétariat brésilien sans analyser la transformation des esclaves en travailleurs libres est impossible, de même qu’il est impossible d’évaluer ce que l’esclavage a légué aux femmes des classes exploitées – en particulier aux femmes noires – et aux femmes des classes dominantes si l’on ne prend pas en compte la situation des femmes noires esclaves, les rapports dans lesquels elles s’inséraient en tant que femmes et en tant qu’esclaves
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Si l’esclavage renvoie les esclaves à l’état de « choses » (« propriété d’autrui »), le caractère patriarcal de la société induit une distinction entre « chose-homme » et « chose-femme ». La condition esclave ne suffit pas à « expliquer » l’utilisation sexuelle des femmes esclaves, car dans ce cas les hommes esclaves auraient tout autant été la cible des assauts sexuels des maîtres. La possibilité d’user des esclaves comme objets sexuels ne se concrétise que pour les femmes sur qui pèse, en tant que telles, l’ordre social patriarcal qui détermine et légitime la domination des hommes sur les femmes.
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L’esclavage a été aboli, mais son héritage, présent au cœur des relations bourgeoises et capitalistes, exprime toujours l’infinie capacité des classes dominantes, quelle que soit la période historique, à intégrer autant que possible à leurs propres privilèges ceux des groupes dominants des époques antérieures.
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Mais parce qu’elles sont femmes, en sus d’être esclaves elles sont aussi objets sexuels, nourrices, punching-balls de leurs chères maîtresses. Évidemment, la manière dont elles vivent ce qu’il est convenu d’appeler la « condition féminine » n’est pas étrangère à leur situation de classe… et pas non plus à leur couleur. Il faut vraiment être incapable de penser la complexité de ces articulations pour imaginer que les esclaves noires étaient « plus libres » que leurs maîtresses blanches. Ni plus ni moins « libres », les Blanches vivaient leur oppression de femmes dans une société complexe, certes, mais tout entière structurée par la négation de l’humanité et de la liberté individuelle de l’ensemble des travailleurs esclaves. De ce fait, ces maîtresses, si opprimées qu’elles aient été, n’hésitaient pas à marquer leur appartenance à la classe dominante en exerçant quotidiennement leur pouvoir sur l’Autre – l’homme ou la femme esclave.
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La relation entre les femmes esclaves et leurs enfants était donc reconnue comme familiale. Elle est du moins présente dans certaines références, alors que les relations entre père esclave et enfant ou entre frères et sœurs esclaves ne sont même pas mentionnées. La question de la paternité est tout à fait inexistante. C’est le ventre maternel qui détermine la condition des rejetons. Pour ces raisons, tout porte à croire que la seule relation parentale possible entre esclaves passait nécessairement, si ce n’est exclusivement, par la figure de la mère et, surtout, par la relation mère-enfant dans les premières années de vie de l’enfant.
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En réalité, c’est un « double silence » qui se joue là. Au silence sur les femmes en général (« l’histoire est masculine »), s’ajoute le silence sur les classes exploitées (« l’histoire est l’histoire des classes dominantes »). Sur le second silence, bien des choses ont déjà été dites. Quant au premier, c’est derrière un masque que nous le présente le mythe de la nature clémente et paternellement patriarcale de l’esclavagisme brésilien.
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En inscrivant la dialectique du genre, de la race et de la classe dans l’histoire du Brésil, [l’ouvrage] met en lumière la participation des femmes esclaves aux processus de libération. Au-delà de la compréhension de l’évolution des perceptions historiques de l’esclavage au Brésil, son apport souligne le rôle des femmes noires dans la constitution de la culture nationale et les dilemmes particulièrement douloureux auxquels elles étaient confrontées.
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Pour résumer, l’étude du rôle social et des conditions de vie des femmes esclaves nous paraît fondamentale pour 1) réélaborer l’histoire de l’esclavage brésilien et 2) analyser certaines des racines historiques de la situation actuelle des femmes au Brésil, en particulier des travailleuses noires
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La négation du statut d’êtres humains aux esclaves allait nécessairement de pair avec la négation de leur subjectivité, qui fut violée, récusée, ignorée, surtout dans les relations de type familial qu’ils et elles pouvaient établir les uns avec les autres : mère esclave-enfants, père esclave-enfants, homme-femme esclaves
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nous avons la conviction qu’il est fondamental de faire reconnaître, au sein des discours féministes, la pertinence d’un discours spécifique tenu par les femmes noires sur les femmes noires, tout comme il est fondamental de faire reconnaître, au sein des discours émergents du mouvement noir, la pertinence d’un discours spécifique tenu par les femmes sur les femmes
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Les femmes noires sont des « choses », des « faitouts » plus encore que des bonnes à tout faire, des objets qui s’achètent et se vendent en raison de leur statut d’esclaves. Mais parce qu’elles sont femmes, en sus d’être esclaves elles sont aussi objets sexuels, nourrices, punching-balls de leurs chères maîtresses.
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La « femme » universelle et abstraite n’existe pas. Ce qui existe, ce sont des femmes réelles, insérées dans des classes sociales historiquement déterminées. Si l’oppression des femmes traverse toutes les classes sociales de notre société, pour autant on ne peut oublier que l’intensité et surtout la nature de cette oppression diffèrent.
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Les notions d’intimité, de famille se rapportent à une sphère particulière à laquelle les esclaves n’ont pas accès du fait de leur condition de « chose »
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