Je pars, courant à perdre haleine, mon sac de montagne à demi vide ballottant sur mon dos.
Le point de rendez-vous est là, de l'autre côté de cette rue que je n'aurais jamais pu imaginer devenir le théâtre de ce moment improbable de mon parcours. Stoppée net dans mon élan, j'interromps ma course anarchique au bord du trottoir. Regards à gauche, puis à droite. Le poids des habitudes ! Je traverse pour aller m'immobiliser devant un bâtiment blanc, presque immaculé, ressortant dans le noir de la nuit. Quelques marches encore et je ne m'assieds pas, je m'effondre, me cachant dans le renfoncement de ce hall d'immeuble. Ma tête vient de se poser contre le verre froid de la porte, mes yeux se ferment, effaçant cette nuit sans fin qui semble vouloir m'avaler.