Un diamant brut gisant parmi une avalanche de gravats. Un scarabée qui avance sans se presser sur une table couverte de raisins noirs. Un pétale de lys emporté par le vent au milieu d'un vol de colombes. Le fait qu'ils soient difficiles à voir ne diminue en rien leur réalité.
Il en va de même dans l'océan infini de l'existence, où se pressent des mondes parallèles en nombre incommensurable. Parmi eux se trouvent des anomalies, des structures qui, bien que superficiellement identiques, diffèrent de la norme. Leur rareté confine à l'improbabilité - et pourtant, elles sont bien réelles.
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La cité elle-même était aussi remarquable que l'étrange monde conçu pour lui servir d'écrin. Si un étranger avait été autorisé à la contempler - non que cela arrive jamais -, il aurait été stupéfié par son extravagante diversité. Une myriade de styles architecturaux s'y côtoyaient : tours de cristal et enceintes trapues, arches jaillissantes et bâtiments pareils à des rochers. De majestueux amphithéâtres voisinaient avec des maisons haut perchées dans les arbres; des huttes rondes se massaient à l'ombre de citadelles aux multiples tourelles. La cité était faite de pierre, de verre, de bois, de quartz, de coquillages, de boue séchée, de fer, de brique, de marbre, d'ébène, de toile d'acier et de matériaux impossibles à identifier.