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Citation de Enroute


Tous [les apiculteurs] pointent la coïncidence frappante entre l’arrivée en 1993 d’un nouvel insecticide utilisé sur le tournesol, l’imidaclopride, commercialisé par Bayer sous le nom de Gaucho, et la survenue de leurs problèmes, qui deviennent plus aigus avec la floraison des cultures traitées. […] Pendant trois ans, jusqu’en 1997, nombre d’apiculteurs français voient ainsi la mortalité augmenter de manière alarmante dans leurs ruchers, la vitalité de leurs colonies s’éroder et leurs récoltes de miel s’effondrer. Pour Bayer, producteur de l’imidaclopride, le lien entre son produit et les troubles des abeilles est hautement improbable […] Cette position sera réaffirmée publiquement par Bayer jusqu’en novembre 2000 au moins. Mais sous la pression des apiculteurs, le ministère de l’Agriculture organise en septembre 1997 une réunion entre parties prenantes et experts, et lance un appel à projets, pour que la recherche s’empare des questions posées par la situation et mette toute le monde d’accord. […] dans la lettre de mission officielle qu’il reçoit du ministère de l’Agriculture pour conduire ses travaux [Jean-Marc Bonnatin] remarque [qu’] il lui est demandé de veiller « à travailler avec la limite de détermination la plus basse possible, sans toutefois descendre à une valeur ingénieurs à 0,01 milligramme par kg3 » […] Dans une magistrale analyse de ce cas, deux chercheurs, Laura Maxim (CNRS) et Jeroes van der Sluijs (Université de Bergen), observent malicieusement que ces fameux 10ppb de limite de détection à ne pas enfreindre étaient alors précisément la limite fixée par Bayer dans sa propre méthodologie. […] Jean-Marc Bonnatin ne suit pas exactement les consignes à la lettre : il abaisse la sensibilité de son test à 1 ppb. « Quand on travaillait avec une sensibilité de 10 ppb, on voyait parmi tous les échantillons que très peu étaient contaminés, raconte-t-il. Mais en abaissant la sensibilité à 1 ppb, tout apparaissait. En réalité, presque tout était contaminé. » La plupart des échantillons de nectar et de pollen de tournesols traités comportaient des concentrations d’imidaclopride supérieures à 1 ppb. « Dès que j’ai obtenu ces résultats, j’ai prévenu oralement les responsables du ministère, raconte le professeur. Presque aussitôt, j’ai reçu un coup de téléphone de Bayer me prévenant qu’ils viendraient visiter le laboratoire, pour s’informer sur les résultats. » L’arrivée des envoyés de la firme agrochimique choque le chimiste français qui parle même d’une « descente ». « Au début, je pensais que nous parlions entre scientifiques : j’ai tout dévoilé de notre méthodologie, je leur ai tout montré, dit-il. […]
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