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Critiques de Stéphane Le Carre (9)
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À pleines dents la poussière

Que se passe t-il dans la tête d'un homme qui vit durement ce qu'il a fait subir à d'autres avec cynisme ? C'est l'histoire cocasse de cet employé d'une compagnie d'assurance dans la première nouvelle "Boukkho". D'autres m'ont interpellée comme "la Voie du pétanquiste" pour le côté instructif du jeu (la pétanque) ou encore "Puer le talent". Le talent, est-ce suffisant pour faire carrière ?

Un recueil dense et varié mais dont le sentiment d'urgence de personnages à bout m'a par endroits laissée au bord du chemin.

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À pleines dents la poussière

"La beauté, la violence, posées sur la balance" : neuf nouvelles tendres qui tapent dur.



Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2014/09/29/note-de-lecture-a-pleines-dents-la-poussiere-stephane-le-carre/

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Cavale blanche

Braquage raté, jeunesse qui s'enfuit, l'amour et l'amitié comme des fantômes. La mer. Un beau moment .



Le métier (fût-il à temps partiel) de libraire comprend des moments de bonheur rare. La découverte de textes réussis en (légère) avant-première en fait partie. La lecture sur épreuves de « Cavale blanche », qui sort en ce mois de juillet 2012 aux éditions Kirographaires, en est un exemple flagrant.



Une amitié trahie, un amour bafoué, une jeunesse bretonne qui s'enfuit rapidement par la bonde du manque de sens, une tentative de fuite et de rédemption en braquant des dealers pour construire, peut-être, un « nouveau départ »... : tels sont les ingrédients de ce premier roman de Stéphane Le Carre (sans accent aigu à la fin), dont l'écriture joliment magique sublime aisément ces composantes relativement classiques du « noir » bien noir.



C'est que l'auteur dispose de deux armes fatales qui vous enchanteront. Sa manière de décrypter le classique « triangle », lorsque la femme que l'on aime (ou croit aimer) vous quitte pour votre meilleur ami (ou ce qui en tient lieu), loin de tout mélodrame, use d'un scalpel désenchanté, tout en lucidité qui éviscère. On songe sans doute ici aux meilleurs moments de Frédéric Fajardie et de Luc Baranger. Sa faculté de trouver les mots et le rythme pour évoquer la mer, omniprésente dès que la retraite temporaire du narrateur, île désolée entre Concarneau et l'estuaire de l'Aven et du Belon, se met en place dans les premières pages, force l'admiration, loin des clichés, de l'amoureux de l'océan et de la Bretagne, mais aisément celle des autres aussi. Et le spectre bienveillant du grand Björn Larsson, celui du « Cercle celtique » débarrassé de ses oripeaux de thriller conspirationniste, pour ne conserver que le meilleur, les navigations hallucinées dans le nord de l'Écosse, rôde ici avec bonheur.



Savourons donc sans hésiter ces 130 pages de précieuse et fiévreuse intensité.



"Il ne s'était rien passé. Rien ne nous avait séparés. La fac, à Brest, pas loin de dix ans auparavant. J'avais trouvé Mau. Mau m'avait trouvé. Rencontrer un ami, ce n'est pas rencontrer une femme. Il n'y a pas cette impression brusque de livrer son visage aux rayons du soleil. C'est le fil invisible du temps qui attache peu à peu. Mau, moi, les livres, les vinyles, les bars, les fêtes, les livres, moi, Mau. Un jour, on se découvre siamois, rattachés par l'épaule. On rit de se sentir si forts et si différents. L'amitié, c'était des pas de géants qui faisaient trembler la ville médiocre."



"Après je décrivis à Mau mes obsessions flottantes, ces cités entourées de rubans d'asphalte, traversées de flux physiques et électroniques fulgurants et parsemées de surfaces commerciales où partout des Blancs avec des sacs de shopping erraient dans l'angoisse, sous la garde de miliciens noirs impressionnants de force physique et de classicisme vestimentaire. Un monde où consommer était une activité, un programme, un loisir, un divertissement, en même temps qu'une crucifixion. On nous y promettait la sérénité et la liberté, comme l'essence d'un service ou d'une marchandise, triste philosophie d'emballage. Et les seules voix qui hurlaient à la folie sortaient des bouches grotesques et édentées des épaves humaines qui s'éteignaient dans le froid de la nuit, à la marge, dans les caniveaux et les terrains vagues... Je dévidai le fil de mes cauchemars vivants."



"Les bouleversements quotidiens, subtils ou fantastiques, de mon territoire où flux et jusant jouent les architectes redessinent à chaque fois un étonnement désiré. Je veux ne penser qu'à l'instant. Je crois connaître l'île. Quand j'ouvre la porte, la marée a découvert de nouveaux pions, creusé des fosses, miné le pied des tours rocheuses où s'affalent des parterres d'algues répudiées. Quand je ressors, plus tard, l'eau inverse a débordé les digues, comblé les douves et empli le glacis. Elle vient, lèvres salées et gourmandes, à la rencontre de la douceur de l'herbe. L'île peine alors au milieu des eaux comme une caraque aux cales pleines. Ainsi, dans la lanterne magique des heures, j'habite un mouvement, une dérive, un voyage. Mes yeux me disent que je m'éloigne un peu plus à chaque fois, que je peux fuir. J'ai besoin d'illusions. Je les cherche dans le paysage et ses glissements. Mais quand je dois retourner derrière les murs, mes épaules s'affaissent. Le poids de la réalité, pendu au porche. Je suis protégé parce que je suis ici. C'est tout."

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Cavale blanche

Dans une Bretagne aux ciels superbes et aux ambiances lugubres, Dan, en fuite suite à un braquage raté, s’est refugié sur une île, seul avec l’océan, continent liquide qui règne ici en maître.



Là, éreinté par le va-et-vient de la houle, ivre de l’immensité salée, Dan retrace l’enchaînement de l’amitié, l’amour, la trahison, les retrouvailles, le braquage, le désastre, et la cavale – dans la relation triangulaire qui le relie à Mau, son ami, et à Gwenn, la femme qu’il a aimé.



Trajectoire d’un homme dégoûté du monde superficiel et frénétique dans lequel les promeneurs du dimanche et les clients de centres commerciaux affichent un succédané de bonheur, trajectoire d’un homme en détresse, navigateur solitaire errant dans une vie en forme d’impasse, entre rage, renoncement et impuissance.



« Cavale blanche » est une cavale immobile, terrée, entrecoupée de la mémoire des événements ayant mené au désastre, dans une tension qui devient épique lorsque la tempête se déchaîne.



« Cavale blanche » est un texte magistral, profondément teinté de poésie et de colère.



« J’avais retrouvé Mau et Gwenn un soir de concert à ce même café des Halles à Douarn’. Douarnenez. Dz City. La cité rock la plus à l’ouest du Finistère. La plus à l’ouest tout court. Douarnenez avait gardé son esprit frondeur de ville portuaire où on emboitait encore un peu les sardines et encore pas mal les connards, de façon salutaire. Un héritage de son histoire, ce rouge de l’indignation ouvrière et de la fête populaire qui teintait facilement les joues. »



« Dans la nuit, une bulle d’un silence intense me réveille. Quelque chose de fabuleux se tapit à l’extérieur, issu de la profondeur océanique. Ma jambe, avertie, palpite de douleur. Et puis, comme une langue qui goûterait la pierre, une rafale courte et aigre râpe le coin de l’abri. Une autre plus longue suit. Une troisième est comme ravalée d’un coup de glotte géante. Et l’instant d’après, le grand souffle déferle, hurlant, happant la maison dans une emprise vivante et sonore, poussant l’obstacle dans une lutte obstinée. La tempête vient de commencer. »

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À pleines dents la poussière

Les nouvelles, pas mon truc, mais je me dis, allez, on verra bien. Et bien je n'ai pas été déçue. Neuf nouvelles en tout, les premières se passent aux States, les dernières dans la Bretagne rurale et profonde. J'ai aimé les nouvelles américaines, pour l'aspect bourlingue, motards bagarreurs, tocards riches ou pauvres. Les nouvelles bretonnes sont sympa aussi. A part une ou deux, elles sont très attachantes. J'ai beaucoup aimé « Presque killed », récit d'une défonce au cannabis dans le Finistère chez un ami décroissant. Ça sent le vécu. Et aussi la nouvelle de bar, l'avant-dernière, où toute une équipe de marins en ciré taillent le bout de gras et tisent sur le zinc. C'est touchant et les dialogues sont vraiment très réalistes. L'ensemble est cynique, parfois très drôle (« barbecue à Methléem») et toujours très humain. Ces personnages cabossés brûlent la vie par les deux bouts, à notre grande réjouissance. C'est poétique aussi, je pense à cette bande de motards qui traversent les States dans l'unique but de voir des bisons. Bien joué ! Un bon recueil donc, mais petit bémol malgré tout, le style est parfois trop lourd et manque de fluidité... rien de bien méchant et ce n'est pas le cas pour toutes les nouvelles.
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À pleines dents la poussière

Recueil de nouvelles dont l'action se situe soit dans les coins les plus oubliés des États-Unis soit dans les coins les plus retirés de Bretagne : dans tous les cas, il s'agit d'expériences personnelles de l'auteur quoique en exergue il reprenne la fameuse antienne : toute similitude etc...



Certaines de ces histoires font mouche (le courtier en assurance cynique devenu unijambiste après accident et...client exigeant de son propre assureur ; les bikers californiens qui veulent juste voir des bisons et en rencontrent d'autres plutôt frappés) : en général, cela ne se termine pas très bien, l'ambiance des bars qu'ils soit américains ou bretons suintent un peu de de désespoir et les cocktails drogue – alcoll – copains ne donnent pas grand-chose, Le tout est servi dans un style assez cynique, d'un humour un peu narquois pas très drôle et on a juste envie de conseiller au narrateur de se chercher des voies plus joyeuses, plus positives, plus tournées vers les autres, Bon courage car on part de loin !



Un drôle de petit voyage proposé par aNTIDATA que je remercie pour cet envoi qui m'a séduite aussi par la qualité de l'objet – livre proposé,
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À pleines dents la poussière

Ruée vers l'Ouest.

Recueil de neuf nouvelles d'un auteur que j'apprécie particulièrement. Après son roman "La cavale blanche", Stéphane change de registre pour un exercice qui n'est pas si évident que cela. Je m’élèverais toujours contre ce snobisme ridicule à mon avis qui consiste à dire que la nouvelle est un genre littéraire mineur !

La première ligne donne le ton de cette œuvre :

-"Je peux te dire, pendant des années j'ai été un sale type".

Et à la lecture de "Boukhoo" on en est persuadé ! Un duo d'enfer, au service d'une compagnie d'assurances, qui fait froid dans le dos. Assurez-vous, nous ne ferons pas le reste. Sûrement que ce genre de personnage existe hélas !

"Barbecue à Methléem" : l'histoire fumante d'un groupe de métal suédois en tournée dans le trou du cul de l'Amérique profonde ! Même là-bas la dope remplace la gnôle ! Triste époque !

"Fourche", randonnée à l’Easy Rider des trois bikers à la recherche de l'Amérique ancienne et de ses bisons. Mais des rancœurs personnelles vont gâcher la fin du périple !

"Au fond du trou" : le monde de la publicité passé à la moulinette ! Ses us, coutumes et codes....pas très reluisant tout cela ! Saint Fric, que ma moisson soit abondante !

Une nouvelle avec un titre breton (assez rare pour que je le signale) : Ar Vourc'h Nevez (Le bourg nouveau) peuplé d'anciens qui, quand ils partent en piste, ce n'est pas pour faire semblant. Mais il y a aussi des plus jeunes et des déceptions amoureuses.

"Presque killed" est ma nouvelle favorite, peut-être parce qu’il me semblait la connaître.

Stéphane m'avait parlé de cette aventure à la terrasse du Gallion, son antre lorientais un jour de l'été dernier pendant que nous nous désaltérions en devisant de choses et d'autres, dont ces quelques jours bucoliques dans la campagne finistérienne !

N’espérez pas croiser des gens sans problèmes ici. Les gens sans problèmes ne sont pas de bons sujets pour les écrivains. Tous sont sur le fil du rasoir, proches de la chute, et proches est souvent un euphémisme ! Et le fil du rasoir est mince et tranchant !

Il suffit de lire "Le Bar Chenal " et sa galerie de portraits sans concessions, mais avec malgré tout beaucoup d'empathie pour ces piliers de bistrot. Un constat social plein de lucidité ! On côtoie aussi un chauffeur américain, un impresario sulfureux, un joueur de boule atypique ayant plusieurs cordes à son arc.

On rencontre aussi un personnage presque récurrent qui ressemble fortement à l'auteur !

"Ruée vers l'Ouest" à l'Américaine ou à l'Armoricaine, certaines aventures se passant aux États-Unis, d'autres dans la partie la plus septentrionale de la Bretagne.
Lien : http://eireann561.canalblog...
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Cavale blanche

Gwenn ha Dan.

Stéphane Le Carre est plus connu comme auteur de nouvelles traitant de la musique que comme romancier, normal car celui-ci est son premier édité.

Nous sommes dans une sorte de road-movie immobile dans une Bretagne sombre où la drogue a hélas remplacé le gros rouge "étoilé" qui sévissait habituellement dans les ports et les campagnes.

Daniel se réfugie sur l'île Verte. Blessé il vient d'échapper avec Gwenn à une bande de tueurs qui bien sûr ne lui veulent pas que du bien. Cette solitude lui donne le temps de se remémorer les circonstances de cet état de fait.

Une vie qui lui semble trop étriquée, l'exemple de ses parents dans un bourg du centre Finistère, un début de carrière dans l'enseignement, un rayon de soleil, il fait la connaissance de Gwenn. Son ami Mau est écrivain et semble plus libre, mais d'autres démons l'habitent. Alors lorsque Gwenn part avec lui, Dan, lui, part en vrille. Il démissionne de l'éducation nationale, travaille un peu comme pigiste dans la presse régionale, sous traitant les articles d'un journaliste alcoolique, mais ayant plume sur rue! Mais cela ne dure pas, le contrat tacite est rompu et le fond du trou est proche.

Sauf qu'un jour par hasard il retrouve Mau et Gwenn, qui sont aussi sur une spirale descendante. Mau lui propose un coup facile, très facile, trop facile. L’apothéose finale, le gros paquet de drogue qui bien sûr se convertira en argent, des masses d'argent ! Après adieu la Bretagne, la France et en route toutes voiles dehors pour le Brésil....

Sur les côtes bretonnes, quand le vent souffle du large, il est souvent chargé de sable....dont un grain va faire échouer les projets du trio.....qui devient un duo en cavale.

Commence une fuite en avant mais surtout pour Dan, un voyage initiatique en lui-même et la découverte d'une vérité qu'il était loin de soupçonner.

Peu de personnages,Daniel Moal, son rêve de vie meilleure que celle de ses ancêtres était au départ un signe d'ambition, de se sortir de la masse, hélas la vie ne semble pas en avoir décidé ainsi.

Gwenn est partagée ; les lignes où Dan et elle parlent et tentent d'expliquer leur rupture sont très belles, on sent une connivence entre eux, mais aussi ce qui les séparent. Gwenn veut un brin de folie dans sa vie et elle pense que Dan ne lui apportera pas...mais une fois Mau disparu...car ils sont désormais condamnés à faire un bout de route ensemble.

Mau lui ne fera pas de vieux os ; faut pas toujours se prendre pour plus malin que les autres, surtout quand en face, c'est plutôt un ramassis de brutes épaisses pas très futées.

Bourrick est le dernier de la fratrie, son frère Mataff a été retrouvé mort dans un bassin du port, le couteau qu'il avait encore dans le ventre indiquait que la noyade n'était pas le motif du décès. Il est un peu plus intelligent que le défunt alors...

Beaucoup de références musicales, ce qui est normal pour un écrivain fan de Rock& Roll, mais aussi un extrait d'un poème de Malcolm Lowry qui commence par ces mots:

- Prière pour les ivrognes....

Les pages décrivant les nuit de désespoir alcoolisées de Dan dans les bistrots de Brest, m'ont rappelé, et c'est un très grand compliment, certains passages dans les bars de Montparnasse, de "La fête de nuit", chef d'oeuvre de Xavier Grall.

C'est très bien écrit, parfois très poétique comme ces quelques lignes :

-La ville était moche mais ses gris étaient amicaux et nous, ses enfants perdus, nous croyons rouler vers une aurore.

Un grand livre beaucoup plus qu'un simple roman noir, une histoire d'amour, de haine et de mort dans une Bretagne noire et glauque.
Lien : http://eireann561.canalblog...
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Cavale blanche

Encore une île!...Une histoire très particulière.

Mais cette île si petite et battue par les tempêtes est âpre et solitaire, elle vous serre le cœur et l'âme sur fond de crime qui vous rattrape...
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