Stéphane Roche

l m’était trop dur de t’annoncer en face mon départ et je sais que tes yeux emplis d’amour auraient réussi à me convaincre de rester. Crois-moi, …il m’est très douloureux de t’écrire ces quelques phrases et à l’instant même où ma plume scelle sur cette feuille mon engagement envers ma destinée, mon cœur meurtri par la peine pleure des larmes de souffrance. La première séance d’hypnose a provoqué un déclic en moi et peu à peu les souvenirs me sont revenus ces deux dernières nuits pendant le sommeil. Le mystère, aussi incroyable puisse-t-il être, se dissipe peu à peu. Ce matin, la nouvelle séance d’hypnose avec le Docteur a fait renaître d’autres souvenirs de cette fameuse nuit…oui tout a commencé cette nuit…j’en suis pratiquement certain…je n’ai pas pu rêver uniquement de cette lumière et de tout ce qui a suivi. J’ai enfin compris ce que je devais faire. Ma destinée semble être liée à une personne qui court actuellement un grave danger. Je me dois de lui venir en aide et elle doit jouer un rôle important pour la suite…je le ressens au plus profond de mon être.

La tumeur en question, d’après nos spécialistes, peut aisément passer au travers d’une radiographie établie par un scanner conventionnel couramment employé dans les petites cliniques et modestes hôpitaux. Il serait donc ridicule et infructueux d’étudier ces petits centres médicaux. Par ailleurs, quand un malade n’arrive pas à trouver d’explication aux symptômes dont il souffre, il se dirige tout naturellement vers un plus grand centre hospitalier, le plus proche en général, puis s’il ne trouve toujours pas de réponse, il s’oriente vers un établissement encore plus important et ainsi de suite. En réalité, à l’instant « t » nous estimons que notre sondage couvre environ cinquante pourcent des établissements des sols américain et anglais disposant des ressources nécessaires au diagnostic de ladite tumescence. En si peu de temps c’est déjà une prouesse.

Il avait parcouru environ deux cents mètres et le point lumineux qu’il traquait semblait toujours aussi lointain. Etait-ce un feu de forêt provoqué par la foudre ou simplement une habitation éclairée ? Le seul moyen de le savoir était de le rejoindre ! Peut-être espérait-il trouver refuge chez un habitant de ces bois ?
Tous les sens de Nathan étaient en éveil. Il expérimentait une profusion de sensations : auditives avec le bruit de la tempête, visuelles avec tous les jeux d’ombres inhérents à la nuit, sans oublier le contact âpre avec la pluie et le vent. Les sensations olfactives affluaient aussi. Les pins dégageaient une odeur forte et enivrante. Au contraire, la boue libérait une effluve encore plus prégnante à la fois étouffante et écœurante.

Elle n’était qu’une petite archéologue de vingt-six ans qui débutait dans le métier. Mais il y a un début à tout, et celui-là, auprès d’un des plus grands historiens, n’était pas si mal. Elle se rassura avec cette pensée et replongea aussitôt dans ses fantasmes de carrière.
Le Caire était une ville fondamentalement différente des grandes cités américaines. La différence n’était pas seulement liée aux constructions, mais surtout à l’ambiance qui y régnait. A chaque ruelle de la ville semblait être associée une atmosphère qui lui était propre. A chaque coin de rue, on était stupéfié par la profusion de vie. Oui, la vie était l’apanage du Caire. Toute cette agitation chaleureuse, cette convivialité merveilleuse, ce parfum d’ailleurs…

La flore était bien présente dans cet univers mais la faune semblait absente. Aucun oiseau, aucun insecte ne se risquait à sortir de sa tanière pour défier la tempête. A croire qu’aucune forme de vie autre que végétale ne séjournait dans ces bois !

Elle avait eu une nuit très agitée, remplie de songes et d’angoisses. A la joie d’avoir été élue s’ajoutait le stress de l’inconnu. Elle partait pour l’aventure, elle qui n’avait jamais quitté son Texas natal, si ce n’est pour pouvoir suivre ses études à l’Université de Calaway, dans l’Etat de New York. Le Caire était-il tel qu’elle l’imaginait ? Allait-elle être à la hauteur des espérances du célèbre Professeur Vantof ? Toutes ces questions revenaient périodiquement dans les pensées d’Amanda. Elle était harcelée par tant d’incertitudes qu’elle en arrivait même à se demander si elle n’avait pas eu tort d’accepter à la hâte cette proposition du russe.

Nos éminents savants ont par ailleurs confirmé, équations à la clé, que le Grand Déluge de Feu s’abattra très prochainement sur les Six Terres de Vie. Seulement 4800 années environ nous séparent de l’accomplissement de la prophétie de l’Oracle. Le temps nous est compté et si nous voulons avoir une chance de mener à bien notre mission nous n’avons pas une année à perdre. La refuser ce serait bafouer toutes nos croyances et désavouer notre foi en l’Etre Suprême. Je suis intimement convaincu que le destin de notre Peuple est précisément l’accomplissement de ce Devoir. Ne sommes-nous pas les Gardiens des Vies ?

Les astres, eux-mêmes, n’étaient plus les stars de la nuit. Ils pâlissaient de jalousie à la vue de ces tours incandescentes qui leur volaient la vedette. Elles offraient au monde une féerie de lumières qui ne pouvait être égalée par aucune constellation quelle qu’en fut l’ampleur de son éclat.

« Généralement et jusqu’à présent, à chaque fois que l’on a été victime d’un bug informatique, les données perçues étaient totalement aléatoires et ne pouvaient en aucun cas être traduites par une formule mathématique, d’une simplicité par ailleurs déconcertante. »

Les hommes mettent parfois beaucoup de temps avant de discerner la présence d’un phénomène physique, soit parce qu’ils l’interprètent de façon totalement erronée, soit parce que leur manque de curiosité les empêche d’en soupçonner l’existence même.