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Citations de Stéphane Vial (16)


Le design est fondé sur une contradiction structurelle et historique. D'un côté, le design est une invention socialiste : il est né en Angleterre de la révolte contre les ravages de l'industrialisation sur l'homme. De l'autre, le design est une invention capitaliste : il est né en Allemagne de l'assomption de la production industrielle de masse et a grandi aux États-Unis sous la forme de l'industrialisation design. Cette contradiction structurelle est unique au monde : aucune autre activité ne cristallise à ce point une telle ambivalence politique dans sa définition même. Être socialiste et capitaliste à la fois, voilà ce qui est demandé au designer. Une demande non seulement paradoxale, mais aussi contradictoire : il s'agit de faire du design industriel sans faire d'industrie. (p. 27)
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Si ce Court traité ne devait avoir qu'un seul but, ce serait celui d'anéantir une bonne fois pour toutes cette confusion et tracer une ligne de démarcation claire entre design et non-design. C'est pourquoi ce livre est un traité : il tente de traiter le design, c'est-à-dire de le soumettre à la pensée. Mais c'est aussi un court traité car: d'abord, parce que je ne crois pas aux ouvrages interminables, dont la longueur n'est que l'occasion d'augmenter le "plaisir de pensée" de l'auteur tout en réduisant celui du lecteur ; ensuite, parce que je ne crois pas qu'un traité puisse traiter pleinement une question : tout traité est, par définition, mal traitant.
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Le design ne cesse de penser, mais il est incapable de se penser. Il n'a encore jamais produit une théorie de lui-même, comme l'art a pu le faire.
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Dès lors, l'histoire des techniques peut être lue comme celle des révolutions techniques, c'est à dire comme la succession de plus en plus rapide des systèmes techniques. Une analogie heuristique entre les travaux de l'historien Bertrand Gille et ceux de l'épistémologue Thomas Kuhn permet de mieux le comprendre. Le premier a décrit l'évolution historique des systèmes techniques ; le second est connu pour son analyse de la dynamique des "révolutions scientifiques". L'analogie est la suivante : une révolution technique est une évolution historique de la technique qui consiste en un changement de "système technique" au sens de Bertrand Gille, tout comme une révolution scientifique est une évolution historique de la science consistant en un "changement de paradigme" au sens de Thomas Kuhn. En bref, l'histoire de toute technique jusqu'à nos jours n'a été que l'histoire des révolutions techniques, et l'histoire des révolutions techniques n'a été que celle des systèmes techniques.
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Tenter de penser le design, c'est donc être pris dans ce paradoxe liminaire : le design est avant tout une pratique de la pensée, mais il n'y a pas de pensée du design. Ni chez les designers ni chez les philosophes.
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La révolution numérique est foudroyante et totale : en quelques décennies, elle réorganise l'ensemble de notre système technique.
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La matière numérique est nécessairement une matière qui achoppe, qui trébuche, qui chute. On dit d'ailleurs, lorsqu'il est victime d'un bug, qu'un serveur est down ou d'un site qu'il est "planté".
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Être à l'état gazeux : c'est cela être en ligne ou vivre dans les interactions à l'heure des interfaces numériques. C'est entrer dans une nouvelle ontophanie de la procédure, au sens où notre-expérience-du-monde est une somme de procédures, c'est-à dire d'actions accomplies ou à accomplir.
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À partir du moment où ils ont commencé à assumer l'industrie, les architectes, les décorateurs et les artistes ont inventé le design. Mais, du même coup, ils ont inventé le syndrome du designer : sentiment de complicité avec le capitalisme, soumission coupable aux impératifs de consommation, acceptation résignée de l'économie de marché, renoncement à l'idéal de transformation de la société. (p. 17)
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Autrement dit, le numérique n'est pas seulement un fait technique : c'est un "fait social total" (au sens de Marcel Mauss) autant qu'un fait psychique intime. (p. 56)
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Etre natif du numérique, c'est avoir acquis la faculté de voir apparaître le monde en étant numériquement appareillé. Etre natif du numérique, c'est proprement être né par le numérique. Car venir au monde ne suffit pas à naître au monde. Seuls les objets techniques qui nous entourent nous permettent de naître au monde, au sens phénoménologique. Exister s'apprend aussi avec des objets - au sens restreint où "exister" signifie ici "être mis en présence du monde". Etre, c'est donc naître avec la technique...Il n'y a pas de fracture numérique générationnelle. Il n'y a que des matrices ontophaniques datées, qui se superposent et coexistent. Par là, on vérifie que la perception est la chose la moins naturelle du monde : à chaque époque, l'acte de percevoir s'apprend à l'aide des techniques existantes.
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Car consommer, nous a appris Jean Baudrillard, ce n'est pas faire usage des choses, mais jouir des signes interposés entre les choses et nous, et qui déclenchent l'acte d'achat plus que les choses mêmes. (p. 6)
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Dès lors, la "technologie", c'est la convergence entre la technique, la science, l'industrie et le design, en tant que génératrice d'une nouvelle culture.
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Nous mettons un soin particulier à concevoir nos espaces (...) comme s'il n'était pas possible d'être-bien-dans-le-monde
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Nous sommes tous des designers de notre sphère d'existence
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Toutefois, si le mot "technologie" connait une meilleure fortune que celui de "technique", ce n'est en raison ni d'un effet de mode anglo-américaine ni d'une tendance à accorder plus de valeur aux techniques les plus scientifiquement avancées, comme le veut Jean-Pierre Séris, mais parce que les techniques modernes, comme celles liées à l'énergie nucléaire, à la chimie ou à la micro-électronique, ne sont plus seulement des techniques : ce sont à la fois des procédés techniques, des méthodes scientifiques, des dispositifs industriels et des logiques d'innovation, de marketing et de design.
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