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Citation de Charybde2


Mon grand-père était un loup-garou.
En tout cas, c’est ce qu’il me disait, et il cherchait sans cesse à entraîner ma tante Libby et mon oncle Darren dans ses histoires, à les pousser à acquiescer quand il racontait qu’une vingtaine d’années plus tôt, il grimpait sur un moulin à vent pour lacérer la pluie de ses griffes. Qu’il courait ventre à terre à la poursuite du train venu de Booneville et le prenait de vitesse. Qu’il courait ventre à terre à la poursuite du train venu de Booneville et le prenait de vitesse. Qu’il battait la campagne, les yeux luisants d’excitation, un poulet vivant entre les crocs, poursuivi par tous les villageois de l’Arkansas. La lune était toujours pleine, et elle l’éclairait à contre-jour comme un projecteur.
Dans ces moments-là, je voyais bien l’air dégoûté de Libby.
Les lèvres fines de Darren s’étiraient en un sourire forcé, surtout quand Grandpa s’élançait d’un pas chancelant dans le salon où il feignait de rabattre des moutons contre une clôture. Tous les loups-garous ont un faible pour les moutons, disait-il, et il se mettait à incarner les deux rôles, tantôt grondant comme un loup, les épaules voûtées, tantôt bêlant de terreur, les yeux écarquillés.
Libby prenait d’ordinaire la fuite avant que Grandpa ne se jette sur le troupeau dans un concert de bêlements affolés, la bouche aussi béante et affamée que la gueule d’un loup, ses dents jaunes et émoussées éclaboussées par la lueur des flammes dans la cheminée.
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