Steve Taylor

Les diverses traditions spirituelles expliquent et interprètent ce basculement de la conscience de diverses façons, en mettant l'accent sur des aspects différents. C'est un peu comme si elles proposaient des prises de vue différentes du même paysage, grossissant, filtrant et sélectionnant certaines caractéristiques plutôt que d'autres. Mais, lorsque ce phénomène se produit en dehors de toute tradition spirituelle -c'est-à-dire chez des gens qui n'ont aucun antécédent spirituel et qui ne disposent par conséquent d'aucun cadre pour l'interpréter -, c'est comme avoir une vue du paysage lui-même, dans son état plus dépouillé et non pensé.

La grande majorité des gens que j'ai questionnés ne sont pas des maîtres spirituels et n'estiment pas faire partie d'un courant spirituel ou religieux. Ces gens occupent des emplois ordinaires et n'ont aucun antécédent et aucune pratique d'ordre spirituel. C'est pour cette raison que, au début et dans bien des cas, ils se sont retrouvés dans une grande confusion quand cette transformation s'est produite dans leur vie. C'est en partie pour cette raison que j'ai commencé à dissocier le concept de l'éveil des traditions religieuses ou même spirituelles. J'ai commencé à considérer l'éveil plutôt comme un état particulier d'esprit et d'être qui pouvait certes être interprété dans le cadre des traditions spirituelles, sans cependant nécessairement leur appartenir en propre.

J'avais tort. Dans cet ouvrage, je décris la façon dont j'ai appris que l'éveil spirituel est loin d'être rare. J'y décris également comment j'ai appris que l'éveil n'est pas seulement l'apanage des sages orientaux, mais qu'il touche également des gens ordinaires de tous les milieux. Et j'y décris également comment, après avoir rencontré un certain nombre de personnes ordinaires éveillées, j'ai commencé à étudier l'éveil spirituel sous l'angle de la psychologie, ma profession.

Autrefois, je pensais que l'éveil spirituel était une chose qui sortait de l'ordinaire, qu'il s'agissait d'un état extrêmement rare et pratiquement impossible à atteindre, à moins d'être prêt à devenir ermite et à passer des dizaines et des dizaines d'années à méditer des heures durant dans la solitude et le silence. J'estimais que seulement un nombre restreint d'êtres humains devaient avoir atteint l'éveil au fil de l'Histoire, c'est-à-dire un état intérieur continu de paix et de plénitude accompagné d'une sensation de connexion ou d'unité avec le monde autour d'eux, et accompagné aussi d'un désir altruiste d'aimer et d'aider leurs semblables. Je n'avais jamais rencontré un être humain réalisé et je ne m'attendais pas à en rencontrer un, du moins pas dans cette vie-ci. Il va sans dire que je ne me considérais pas non plus comme un être éveillé.

Mais dans les expériences d'éveil de haute intensité, nous pouvons avoir une rencontre plus immédiate et plus puissante avec l'esprit-force, une rencontre qui nous fait prendre conscience de l'unité essentielle de toutes les choses, et de notre unité essentielle avec l'univers entier. Le temps et l'espace peuvent sembler se dissoudre, ne laissant qu'une qualité omniprésente - que l'on peut décrire en termes d'énergie, d'amour ou d'esprit. Le sentiment d'identité peut s'étendre considérablement, de sorte que l'on a l'impression d'être tout et partout à la fois.

L'un des aspects les plus significatifs de ces traditions spirituelles est que, sans exception, elles contiennent la notion d'une force spirituelle fondamentale. Elles conçoivent toutes une énergie ou une force qui imprègne les choses et les espaces entre les choses, et qui sous-tend l'ensemble du monde phénoménal de telle sorte que tout semble en émaner.

Votre vie n’est pas déterminée par ce qui vous arrive, mais par la façon dont vous réagissez à ce qui arrive.

Il y a tant de façons d’être insatisfait,
tant de besoins différents à combler,
tant d’objectifs vers lesquels se tourner,
tant de problèmes à essayer de réparer,
tant de choses de votre passé que vous souhaiteriez pouvoir changer,
tant de craintes au sujet de l’avenir.
Il n’est pas étonnant que vous soyez submergé
comme un voyageur portant trop de bagages
qui a le choix entre un trop grand nombre de chemins
et qui doit renoncer à prendre du repos
jusqu’à ce qu’il ne puisse plus avancer et qu’il s’effondre.
Comment pourriez-vous être heureux ?
La vie est trop exigeante et trop compliquée.
Mais survient alors le choc d’une maladie ou d’un accident.
La mort rampe derrière vous et vous frappe durement dans le dos,
et vous réveille de votre torpeur.
Soudain, le brouillard se dissipe,
et vous pouvez voir le rebord étroit sur lequel vous marchez —
celui sur lequel vous avez toujours marché — entre la vie et la mort.
Et maintenant, tout est très simple et prend du sens —
la vie est éphémère et fragile, d’une valeur inestimable,
et la vie ne contient rien, si ce n’est ce moment présent,
cette magnifique rivière brillante d’expérience.
Et soudain ces besoins cessent de vous tracasser,
la culpabilité et la peur cessent de vous tenailler,
les fantômes de votre passé ne peuvent plus vous effrayer,
vous n’avez aucune raison de vous inquiéter ou d’avoir peur.
Tout est effacé,
excepté la gloire de ce moment
et la grandeur du monde lui-même.
Et vous savez qu’il n’y a rien d’autre,
que c’est ici que se trouve l’épanouissement
et que tout le reste n’est qu’un jeu d’ombres de l’esprit.

Le calme et l'inactivité peuvent avoir un effet thérapeutique puissant. Ils peuvent faire disparaître notre stress et notre trouble et les remplacer par un sentiment d'harmonie intérieure, et par l'impression d'être en contact avec une riche énergie spirituelle qui semble avoir une qualité naturelle de bien-être. C'est l'une des raisons pour lesquelles nous aimons faire des retraites spirituelles, et pourquoi beaucoup de gens aiment les activités solitaires.

Lorsque nous ne sommes pas occupés à accomplir un travail, nous reportons notre attention sur les (...) écrans (...). Nous vivons dans un état "ailleurs" dans lequel nous accordons rarement notre attention au présent, ou à notre propre être intérieur. Nous passons tellement de temps à faire, que nous n'avons presque plus de temps pour être.
C'est pourquoi beaucoup d'entre nous sont loin de leur véritable moi. Nous finissons par vivre de manière inauthentique, en jouant des rôles et en suivant des conventions pour le bien des autres, déconnectés de nos aspirations les plus profondes. Nous finissons également par vivre de manière superficielle, immergés dans l'espace étroit de l'ego, plutôt que d'explorer la richesse et les profondeurs de notre être. L'aliénation de notre moi réel crée également un sentiment de dysharmonie - une sensation constante de malaise, comme si quelque chose d'essentiel manquait, sans que nous puissions l'identifier.

Une brève visite dans un pays peut être une source d'inspiration et peut changer votre point de vue dans une certaine mesure. Vous réalisez que votre environnement domestique terne n'est pas le monde entier, que le monde est plus vaste et plus beau que vous ne le pensiez.

A tout moment, il existe en nous de vastes et profondes réserves de force, de compétences et de résilience dont nous n'avons pas conscience. Il se peut que nous manquions de confiance en nous et d'estime de nous-mêmes, et que nous nous considérions comme incapables ou faibles. Mais lorsque nous sommes mis à rude épreuve par la vie, nous découvrons que nous avons la force intérieure nécessaire pour relever presque tous les défis qui se présentent à nous.

La transformation à travers la tourmente est le phénomène le plus remarquable que j'aie jamais rencontré. Il est remarquable que des êtres humains soient capables de se transformer si soudainement et si radicalement, au point d'avoir l'impression d'être des personnes complètement différentes vivant dans le même corps.

S'éveiller à plus grand que soi et s'enraciner à la terre mère.

Nous avons toujours le choix de tirer quelque chose de bon de ce que la vie peut nous présenter de pire.

En fait, quand nous atteignons l’éveil, c’est plutôt notre état normal de léthargie qui nous semble bizarre et non naturel. Cet état de léthargie est aberrant par la discorde, par la crispation et par sa vision obscure et limitée de la réalité. Nous prenons conscience qu’il est en fait un état pathologique qui nous semblait autrefois normal parce que c’est tout ce que nous connaissions. Lorsque nous atteignons l’éveil, nous avons l’impression de revenir au bercail, vers un endroit où nous étions censés nous trouver depuis toujours.

Voici comment la mystique contemporaine Bernadette Roberts le formule : « Du point de vue de la conscience propre à l’ego, la conscience unifiée semble toujours surnaturelle, mystique ou ‘‘nirvanique’’, mais une fois que nous y sommes, elle s’avère tout à fait ordinaire.

Les gens qui atteignent l’éveil sont souvent surpris par le fait qu’ils le perçoivent comme une chose ordinaire, naturelle, facile et juste. Une chose tout à fait familière, même s’ils ne se rappellent pas avoir vécu ce genre d’expérience auparavant.

Dans la plupart des cas, il s’agit de gens qui n’ont aucune expérience des traditions spirituelles et qui en savent très peu à leur sujet. Il s’agit souvent de gens ordinaires qui cherchent à comprendre la transformation remarquable qui leur est arrivée. J’en tire la conclusion qu’il doit certainement y avoir des milliers d’autres gens dans le monde qui ont connu cette transformation (principalement déclenchée par un tourment psychologique intense) et qui cherchent encore à lui donner un sens, ou qui n’en ont même pas parlé à quiconque de crainte d’être mal compris.

Je suis continuellement surpris par le grand nombre de personnes éveillées que je rencontre. Il s’agit des personnes éveillées que je croise par hasard ou grâce à la synchronicité, ainsi que des gens qui m’écrivent ou qui viennent me voir après un exposé pour me dire qu’ils ont lu un de mes articles et qu’ils ont traversé (ou traversent) la même expérience.