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Citation de Blok


Blok
05 décembre 2021
Lorsqu’il s’agit d’argumenter contre la raison, dès que vous commencez, vous avez perdu. Disons que vous affirmiez que la rationalité n’est pas nécessaire. Est-ce que cette proposition est rationnelle ? Si vous admettez qu’elle ne l’est pas, alors il n’y a aucune raison pour que je la croie – vous venez de le dire vous-même. Mais si vous voulez que j’y adhère parce qu’elle est rationnellement convaincante, vous avez concédé que la rationalité est le mètre-étalon de l’acceptation des croyances, auquel cas cette proposition-là est forcément fausse. De la même manière, si vous prétendiez que tout est subjectif, je pourrais demander : « Cette proposition est-elle subjective ? » Si c’est le cas, alors vous êtes libre de la croire, mais je ne suis pas obligé de le faire. Ou supposons que vous affirmiez que tout est relatif. Cette proposition est-elle relative ? Si c’est le cas, alors elle peut être vraie pour vous, ici et maintenant, mais pas pour quelqu’un d’autre ou après que vous vous êtes tu. C’est également la raison pour laquelle le cliché de l’« ère de la post-vérité » dans laquelle nous vivrions ne peut être vrai. S’il était vrai, il ne le serait pas, car il affirmerait quelque chose de vrai sur l’ère dans laquelle nous vivons.

Cet argument, exposé par le philosophe Thomas Nagel dans The Last Word, est certes non conventionnel, comme devrait l’être tout argument sur l’argument lui-même. Nagel le compare à l’argument de Descartes selon lequel notre propre existence est la seule chose dont nous ne pouvons douter, car le fait même de se demander si nous existons présuppose l’existence de quelqu’un qui se pose la question. Le fait même d’interroger le concept de raison à l’aide de la raison présuppose la validité de la raison. Étant donné cette inconventionnalité, il n’est pas tout à fait juste de dire qu’il faut « croire en » la raison ou « avoir foi en » la raison. Comme le souligne Nagel, c’est « une pensée de trop ». Les maçons (et les francs-maçons) ont vu juste : nous devrions suivre la raison.
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