Suzanne Varga

Aborder l'Histoire par la lorgnette des histoires... ce n'est pas neuf. Il y a toujours cette idée des grands hommes, des événements qui ont fait basculer l'Histoire. Et si le nez de Cléopâtre n'avait été si long...



Autant le dire de suite, je suis plutôt adepte du matérialisme historique, délaissant un peu l'influence des grands hommes ou d'événements ponctuels. J'étais sceptique, donc.



Ici, on aborde l'Histoire par ces banquets grandioses, monumentaux parfois comme de banquet des maires en 1900 réunissant des milliers de maires autour d'une table de 7 km de long.



Mais l'auteure (bien au fait de l'Histoire et de la manière de la conter) ne sombre pas dans un sensationnalisme de mauvais aloi. Elle replace systématiquement ces banquets dans un contexte plus large, stratégique, historique, socio-politique, afin de montrer comment ce petit instant de l'humanité s'insère dans une fresque plus large.



Au fil des 12 banquets décrits, cela fonctionne parfois mieux pour certains que pour d'autres. La visite de Louis XIV au Condé, avec le suicide de Vatel, ou celle du même roi à Fouquet, ce qui précipitera sa chute... ces deux épisodes sont clairement mieux maîtrisés. Idem pour le Banquet des Maires initié par Loubet en 1900.



Les banquets du Moyen-Age avec Saint Louis ou celui opposant Henry VIII à Charles Ier sont bie rendus aussi. Bien remis dans leur perspective. Par contre, j'ai plus de réserve pour les banquets antiques.



A noter une ingénieuse façon de traiter les noces de Cana et la dernière Cène... par le biais de tableaux de la Renaissance. Mais je reste dubitatif.



Au final, c'est bien écrit, bien documenté, érudit, mais parfois dans un style un peu pompeux...

Une bonne biographie est un bonheur inégalable, car elle fait revivre un homme du passé et son monde avec lui. Tout, dans la vie de Philippe V d'Espagne, est digne d'intérêt : l'éducation, à Versailles, d'un prince de sang royal, la formation de son goût, de sa foi, de son caractère et de son esprit ; l'expatriation, quand le jeune duc d'Anjou fut désigné par le testament de Charles II de Habsbourg, mort sans enfant, roi d'Espagne ; l'adaptation difficile à sa nouvelle nation, à ses nouveaux usages, la guerre civile et étrangère à laquelle il dut faire face, et enfin, les quarante-six ans de règne qui conduisirent ce souverain jusque loin dans le siècle des Lumières. Même la vie privée de ce prince, avec ses caractéristiques, rares mariages d'amour, dépressions, amour passionné de la musique, est extrêmement intéressante et le rend très attachant. Si les parties proprement politiques ou militaires de l'ouvrage sont parfois un peu arides, on est toujours sûr de rencontrer des pages passionnantes, où ne manque même pas la figure du fameux Farinelli. Un livre à lire...