AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Svetlana Pironko (5)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
Une heure avant la vie

Voici un roman dont je ne saurais dire s’il est autobiographique ou imaginaire. Et pour renforcer ce trouble, il est raconté à la troisième personne : elle. Ce qui m’a déroutée plus d’une fois quand je posais le livre et le reprenais pour me remettre en mémoire de qui on parlait. Qui était elle ? Ha oui bien sûr l’héroïne non nommée mais surnommée Luciole.

C’est un petit désagrément, vite compensé par une qualité d’écriture irréprochable, parfois mystique ou poétique. Ce petit côté mystique est certainement dû à la narration non linéaire des souvenirs qui composent ce récit. Ce sont des flashes qui remontent en mémoire, des instants bénis de souvenirs chéris, surtout ceux consacrés au père. Le père, ce héros dont la mort bouleversera profondément Luciole : son mentor, sa figure tutélaire.

Une narration non linéaire également puisque le lecteur va suivre les déplacements de Luciole, qui originaire du Kazakstan (même si le pays n’est jamais nommé ouvertement) va émigrer vers Paris (et non pas la France, car c’est bien à Paris, la capitale du monde, qu’elle voulait être, vivre et se révéler), pour enfin bien des années plus tard s’établir à Edimbourg. Entretemps, elle aura visiter Venise et ses ruelles, Le Caire et ses pyramides. Un certain nomadisme, façonné également auprès de ses maris et amants de passage.



Toute son enfance au Kazakstan est riche de découvertes ethnographiques : la chasse au loup, le nomadisme, le mariage sous la yourte, la condition féminine… sans oublier les paysages grandioses de steppes infinies.

« La steppe comme un tapis multicolore pendant les premiers jours de mai. Couverte de tulipes sauvages. Jaune, blanc, rouge. À perte de vue. Leur parfum si fin, si différent. Reconnaissable et pourtant insaisissable. »



C’est un roman riche, également, de citations littéraires (chaque chapitre s’ouvre sur une ou deux citations) et d’auteurs. On sent la passion de Luciole et le besoin de se plonger dans ce bain culturel, salvateur bien souvent, dont elle tirera sa profession puisqu’elle deviendra éditrice.



Une vie, le parcours de Luciole, toujours avide de découvrir des horizons lointains. Toujours avide aussi de découvrir d’autres bras. Une certaine recherche de liberté et de plaisir.



Un roman ou une vérité qui ne dit pas son nom.

« Oui ; peut-être est-ce moi qui suis en train d’écrire en t’imaginant, toi qui es en train d’écrire en m’imaginant, moi. »

Kôbô Abe. L’homme-boîte

Commenter  J’apprécie          5113
Une heure avant la vie

Mon père, mes livres et mes maris



Dans un premier roman aux forts accents autobiographiques, Svetlana Pironko brosse un beau portrait de femme. Et prouve à nouveau combien la littérature est une formidable porte vers la liberté.



Une vie de femme, un parcours initiatique, une envie irrépressible d'émancipation. En suivant L. qui tente d'avancer dans la vie sans tout comprendre de la vie que mènent ses parents, on découvre une ferme volonté d'avancer mais aussi un parcours semé d'épreuves.

Parmi les images qui restent gravées dans la mémoire de l'enfant revient d'abord cette insulte proférée par une gitane à sa mère, cette conne qui n'a pas su garder son mari et qui déstabilise les deux promeneuses. L'angoisse qui l'étreint lorsque sa mère lui annonce que le P'tit Prince, son frère né dans la joie quelques mois plus tôt, est gravement malade et qu'elle part avec lui à l'hôpital. Un événement qui lui permettra toutefois de se rapprocher de ce père trop absent. Il ira jusqu'à accepter de l'emmener avec lui à la chasse, lui fera découvrir Hemingway et deviendra son superman.

Loin de tout, au gré des affectations, elle va aussi trouver un point d'ancrage dans ses lectures. Une bibliothèque qui va devenir un centre de formation pour l'adolescente en mal d'ami(e)s.

Puis viennent les premiers émois amoureux, la rencontre avec Grégoire l'artiste-peintre qui fait partie d'un groupe de touristes qu'elle est chargée de guider. Cet homme plus âgé a surtout pour L. l'aura du parisien, habitant cette ville fantasmée au cours de ses lectures et qu'elle rêve de découvrir.

Si c'est grâce à lui qu'elle prendra son envol, on comprend très vite que ce mariage est d'abord un moyen de s'évader. L'écriture tout en subtilité de Svetlana Pironko laisse deviner que l'amour pour Grégoire cache l'envie d'une autre vie, plus riche, plus dense. On va dès lors suivre le couple à Paris, à Séville, à Venise ou encore en Toscane. Mais on va surtout suivre la trajectoire d'une femme avide de connaissances, de culture, d'expériences.

En découvrant le milieu de l'édition, elle se sent enfin dans son élément. Les idées, la création et même la séduction forment alors un feu d'artifice qui permettent à L. se s'épanouir. De ses rencontres dans les salons professionnels jusqu'à la tanière d'un écrivain britannique.

Si l'on retrouve dans ces lignes bon nombre d'éléments autobiographes, c'est d'abord la volonté et l'envie qui donnent à ce roman une belle énergie. En voulant donner raison à Hemingway, après Paris est une fête elle se rappellera que Le soleil se lève aussi, prouvant qu'il est bon de rêver sa vie... avant de la vivre.


Lien : https://collectiondelivres.w..
Commenter  J’apprécie          322
Une heure avant la vie

Vivre libre sans rompre ses liens : tel est le défi que tente, au fil des années, de relever L., personnage central de ce récit.

La mort ou l'éloignement imposent pourtant des séparations, inévitablement. Et le goût de la solitude qu'entretient L. peut aussi conduire quelques portes à se fermer. Mais l'héroïne de Svetlana Pironko maintient coûte que coûte la connexion avec ses amies proches, sa famille, quelques hommes aimés et, surtout, son père.

Cette solidité des liens se retrouve dans son attachement à sa terre natale et ses paysages, steppes immenses ou villes enneigées, ainsi qu'à sa faune, antilopes, chameaux, loups...; ou dans son attachement à la connaissance, à la littérature et aux langues qui permettent de la transmettre d'un point du monde à un autre.

Du Kazakhstan qui l'a vue naître jusqu'à Paris, en passant par l'Écosse, l'Égypte, etc. L. cherche néanmoins sa liberté. Une liberté qui bâtit, tandis que d'autres se libèrent en détruisant, en renversant tout sur leur passage, en écrasant quiconque s'interpose.

L. nous montre qu'être libre, ce n'est pas se couper du monde. Et choyer sa solitude, ce n'est pas se couper des autres.

Bien sûr, il ne s'agit là que de mon interprétation... peut-être fausse. Car Svetlana Pironko semble vouloir nous laisser nous faire notre propre idée sur le sens de son roman. Elle n'impose rien, elle décrit, nous émeut, nous bouleverse, nous fait parcourir les joies, les douleurs, les rencontres, les lectures et les paysages qui composent la vie de L. Et nous laisse la liberté d'accueillir comme nous l'entendons ce riche univers ; et les liens qu'elle noue entre nous, ces lieux, ces personnages et les auteurs qu'elle cite, Hemingway, Camus, Colette et surtout Lermontov.

Nous voilà donc libres et liés, le temps de cette lecture... voire bien après avoir refermé ce livre.

Lisez-le donc pour vous faire votre propre opinion sur le fond ; en revanche, permettez-moi d'être beaucoup plus affirmatif sur la forme : le style de Svetlana Pironko est objectivement magnifique. Qu'il s'agisse de parler d'art ou de sentiment, de déracinement ou de passion, des petites choses du quotidien ou des grands questionnements de l'existence, ses mots sont toujours justes. De plus, tout en maîtrisant habilement l'art d'agencer une intrigue romanesque, Svetlana Pironko retient aussi l'attention par la poésie de sa plume. Le résultat est superbe.

L'une de mes plus belles lectures récentes.
Commenter  J’apprécie          60
Une heure avant la vie

"Il faut que je te dise : celui qui mange de la viande d'ours une fois n'aura plus jamais peur dans sa vie." Voilà ce que dit un jour papa à sa fille. Nous sommes quelque part en Asie Centrale, où la steppe est "comme un tapis multicolore pendant les premiers jours de mai. Couverte de tulipes sauvages. Jaune, blanc, rouge. A perte de vue." C'est dans cet univers sauvage que grandit la petite Luciole, au milieu des loups, des saïgas (antilopes), des saxaouls, des lacs gelés en hiver et des serpents d'eau. Entourée de ses parents, de ce papa qui l'emmène partout et d'un petit frère, un fragile P'tit Prince. Mais un jour, il faut partir : papa est appelé pour une mission ailleurs. Luciole est arraché à cet univers et se retrouve dans un immeuble gris. Mais devant la bibliothèque de son père, elle découvre une échappatoire. Elle vient de terminer L'adieu aux armes d'Hemingway et découvre Paris est une fête. Elle décide que "Paris est la capitale du monde. Et [que] c'est là qu'elle veut être." Joli programme !



Une heure avant la vie de Svetlana Pironko est un roman qui fait voyager. Ça parle d'enfance, de littérature, de construction de soi, de deuils, de nouveau départ. "Une heure âpre la mort, notre âme évanouie sera ce qu'elle était une heure avant la vie" : cette citation de Savinien Cyrano de Bergerac a inspiré le titre, au premier abord un peu singulier, de ce beau roman. L'histoire d'une femme libre qui se façonne grâce à sa passion immodérée pour la littérature, les voyages, les grands espaces et Paris, le tout dans l'amour inconditionnel de son père.



Une histoire pleine de love, de déclaration d'amour mais avant tout de liberté, d'autodérision et de répliques qui font mouche dans les soirées chics ! 🤗 Il y a des scènes parfois "exotiques", comme une journée de mariage (marquante) chez les nomades d'Asie Centrale ou décalées dans le Paris bohème. C'est émouvant, drôle et parfois aussi un peu coquin. :)



"Un homme lui tend la main et se présente :

_ My name is Clavell. Edward Clavell.

Elle tend la sienne et dit :

- Pleased to meet you. My name is Bond. James Bond."



C'est ma première lecture de la rentrée littéraire et j'ai adoré ! J'ai suivi intrépide Luciole jusqu'au bout de la nuit dans cette histoire finement tissée.



C'est le premier roman de quelqu'un qui en connaît un rayon sur le monde du livre. Svetlana Pironko a eu le courage d'inverser les rôles en prenant la plume. C'est un super challenge qui, à mon sens, a le mérite d'être relevé avec une oeuvre de qualité.



J'espère qu'il y en aura un prochain.



Svetlana vit entre Paris et Dublin.



Une belle découverte publiée aux éditions du Passeur.
Lien : http://milleetunelecturesdem..
Commenter  J’apprécie          50
Une heure avant la vie

En écrivant son premier roman, Une heure avant la vie, Svetlana Pironko se lance le défi de répondre par la voix de sa narratrice à une formule suggestive qui l’obsède depuis son adolescence et dont elle fait la vraie fondation narrative de son récit : « l’invention de soi ». Dès lors, un vaste éventail de thèmes – l’amour, la liberté, le désamour, la solitude, le déracinement, la condition d’apatride, la filiation, l’écriture, la fiction, la mort, l’au-delà –, va se déployer, le tout accompagné d’une sensibilité venue d’ailleurs, des territoires infinis de la steppe kazakhe, ce « nulle part » aux magnifiques couleurs et « au parfum si fin, si différent » qu’elle aime tant. Son pari est plus que réussi, son roman dévoile un vrai talent, apte à construire une réflexion fouillée sur la condition humaine à travers le regard sensible d’une femme de notre temps qui revendique son droit à son indépendance et au bonheur.
Lien : https://lettrescapitales.com..
Commenter  J’apprécie          20


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Svetlana Pironko (6)Voir plus

Quiz Voir plus

35 kg d'espoir

Qui est le narrateur?

Anna Gavalda
Le grand père
la mère
le garçon, Grégoire

17 questions
797 lecteurs ont répondu
Thème : 35 kilos d'espoir de Anna GavaldaCréer un quiz sur cet auteur

{* *}