Zadkine a le rire vif et facile ; il aime vivre.Une imagination toujours en éveil ne cesse de l'amuser.Petit, nerveux, le coup long et les cheveux durs et drus, il a un regard mobile et perçant. (...)Au travail dans son atelier ou dans son jardin transformé en atelier il prend l'allure d'un tailleur de pierre, d'un charpentier, d'un forgeron.Il est tout cela mais transposé dans un autre monde, un monde où le travail serait joie et passion, où les matériaux au lieu d'être craints et d'écraser l'homme, seraient domptés plus encore par son amour que par sa science.
Paul Haesaerts, " Ossip Zadkine, la sculpture ailée ", 1939
Hommage aux Poètes
(...) Zadkine a voulu faire des projets de monuments à des poètes qui lui étaient chers: Rimbaud, Lautréamont, Apollinaire et Jarry.De ces sculptures découlera une grande partie de ce qu'il produira après 1945
L'artiste lui-même avait parfaitement conscience du rôle qu'elles jouèrent, puisqu' il écrira dans " Le Maillet et le ciseau" : " Ce que je considère encore comme mes oeuvres importantes datant de cette époque d'avant 1940, ce sont mes quatre projets de monuments à des poètes. "
(...) Un des seul des quatre monuments imaginés à la fin des années 1930 prit corps, celui d'Alfred Jarry, que Zadkine retravailla en 1966 pour l'agrandir
Il fut installé à Laval, ville natale du poète, en 1968
( p. 35)
Casernes et hôpitaux
Comme la plupart des artistes étrangers établis à Paris, Zadkine décide, en janvier 1916, de prendre part à la guerre en cours dans les rangs de l'armée française
Une fois son engagement volontaire signé, il est incorporé au 1er régiment étranger où il servira dans une section d'infirmiers brancardiers. Il est affecté en mai à l'ambulance russe.
En Champagne, à la fin du mois de novembre 1916, il est gazé et doit être évacué pour des soins.
Il est mis en congé illimité le 30 octobre 1917.C'est donc d'abord comme participant actif au conflit, puis comme blessé qu' il va exécuter une quarantaine d'oeuvres sur papier très remarquables, dont le plus grand nombre fait désormais partie des collections du Musée d'Histoire contemporaine - BDIC
( p.19)
Casernes et hôpitaux
(...) Pour la seule et unique fois dans son oeuvre sur papier, Zadkine réfléchit les événements de son temps.Mais au-delà du témoignage, ces productions valent surtout pour leur qualité graphique.Les représentations des scènes d'évacuation de blessés sur le front ou de salles d'hôpitaux à l'arrière sont sobres, fondées souvent sur les fortes obliques des brancards, des toits des abris et des lits.Le trait est précis et vif et l'on voit que Zadkine a désormais fait siens quelques éléments du style synthétique et rythmé du cubisme.
( p.19)
Des visages insondables
(...) Ces visages qu'il produit alors en assez grand nombre n'ont pas leur équivalent dans son oeuvre sculpté du moment.Ils sont souvent graves, exprimant même parfois une certaine angoisse.Ils sont des interrogations, des énigmes. Le style qui préside à leur représentation les situe inévitablement dans l'histoire de l'art, mais ils n'en demeurent pas moins des êtres primitifs qui, dans leur état brut, échappent à toute époque.
( p.49)
Des visages insondables
(...)Ces visages qu'il produit alors en assez grand nombre n'ont pas leur équivalent dans son oeuvre sculpté du moment.Ils sont souvent graves, exprimant même parfois une certaine angoisse.Ils sont des interrogations , des énigmes.Le style qui préside à leur représentation les situe inévitablement dans l'histoire de l'art, mais ils n'en demeurent pas moins des êtres primitifs qui, dans leur état brut, échappent à toute époque.
( p.49)
De retour en France (** après son exil aux États-unis), Zadkine se remit à dessiner beaucoup, surtout à l'encre, tant à Paris qu'aux Arques.Quand j'étais chagrinée ou démoralisée, il me disait souvent :
" Dessine.Il n'y a vraiment que le dessin pour remettre d'aplomb.On ne peut se laisser à l'ennui ou à la tristesse si on dessine "
Valentine Prax, " Avec Zadkine "
( p.43)