Sylvain Lefebvre

Il remisa et classa ses découvertes dans un coin de son cerveau, une partie de celui-ci était constamment en ébullition, et au fil du temps, était devenu une base de données riche et garnie, dans laquelle il piochait souvent des informations, des anecdotes, et pouvait comparer ou associer une découverte, y réaliser une histoire, un film pour prêcher le vrai du faux selon le diable qui se trouvait en face de lui. Souvent, on lui disait qu’il avait une mémoire d’éléphant, les vieux dossiers y étaient classés dans le bon ordre, malgré les effets de l’alcool et le tabac qui auraient pu altérer sa mémoire.

Tout bon enquêteur s’était retrouvé un jour dans ce genre de situation. Les réseaux, les indics, faire la part des choses et sortir une affaire était une chose, mais mettre en jeu votre boulot, c’est autre chose. Bon nombre d’inspecteurs franchissaient souvent cette ligne rouge, c’était monnaie courante, jongler avec les malfrats pouvait un jour vous faire perdre votre liberté, être lié à des individus prêts à tout. Sauver leur peau pouvait vous attirer vers les abîmes, plus d’un flic s’était vu tenir par les couilles.

Il essayait de se calmer, de se préparer à l’audience, sa tête bouillonnait car rien n’était jamais acquis, un retournement de situation pourrait mettre un terme à ses projets. Comment faire reluire sa réputation, alors que sa carrière était en ce moment entre les mains du juge, de l’avocate et des propos Comment faire reluire sa réputation, alors que sa carrière était en ce moment entre les mains du juge, de l’avocate et des propos que Suri allait sortir, sans pouvoir y participer ?

Elle ne se vantait pas, mais on la voyait dans les soirées qu’elle mettait sur Facebook, que l’on disait libertines, parfois masquée, au bras d’un homme mûr qui aurait pu être son père. Au début, elle avait toujours des problèmes d’argent, elle était très sollicitée par sa famille, elle se plaignait de devoir envoyer le peu d’argent qu’elle avait.

Comme souvent, ces oiseaux lui servaient de réveil, il avait l’habitude de ces soirées bien arrosées pour s’évader ou même fuir. Il était si faible intérieurement, mais tellement fort aux yeux des collègues, il s’enfonçait de jour en jour dans des sables mouvants, et à chaque palier, il lui était difficile de s’en extraire. À chaque réveil, sa tête était comme une lessiveuse, il avait l’impression d’avoir un orchestre dans le cerveau. Sa chemise était encore mouillée, il regarda sa montre. Il était temps d’émerger.

Aujourd’hui, ceux qui restent doivent connaître la vérité et reconnaître leurs erreurs. Je suis sûr que certains ont encore des postes importants dans leurs États.

Elle n’avait pas manqué de remarquer, lors de leur danse torride, qu’il était très excité, sentant contre sa jambe quelque chose de très dur. Il n’avait plus l’habitude de ce genre de drague, le plus souvent c’était plus direct, là, il fallait lui faire une parade nuptiale, cette fille n’était pas comme les autres, il en fallait plus pour la conquérir. Ça lui rappelait ses toutes premières dragues de jeunesse.

À mon âge, on ne croit plus vraiment à rien, l’évolution c’est une évidence, le changement, j’y ai cru au début, au fur et à mesure que le temps passe, tu te dis que tout ça, c’est de la merde, mon gars, précisa Wilson, tu comprends ? Lui montrant la télévision projeter le débat des primaires américaines en sourdine.

La nana vient du milieu des gens du voyage, les études, je ne t’en parle pas, bon, on peut se tromper. C’est le genre de nana dont les yeux brillent à la vue de billets de banque, grosses cylindrées et tout le bling-bling. Elle a même tenté sa chance aux États-Unis, mais cette dinde, avec un visa touristique.

Il était obnubilé par cette beauté et avait occulté tout ce qui se passait autour de lui : l’ambiance générée par l’orchestre, sur le porche de l’hôtel, non loin du bar, une horde de paparazzis mitraillant une star ou autre personne très connue sans discontinuer.