En haut du gouffre, des feuillages penchés tremblaient. Le soleil essayait en vain de s'y infiltrer; des pans verticaux de montagne disposés en chicane étranglaient étranglaient le jour au passage. Une effarante artillerie tonnait dans la nuit. Des échos triaient le tumulte et s'insultaient d'un bord à l'autre.
A la surface, des branches flânaient dans une zone morte et soudain, prises de frénésie, se précipitaient sur les rives et les frappaient de coups sourds.
Les eaux avaient des contorsions sauvages et montaient à la surface, comme tordues de douleur. Les bouches des remous criaient. Des sables blancs tournaient comme des fantômes dans la profondeur et les courants en lutte déchiquetaient leurs voiles errants.
Des brouillards s'étirent lentement sur les rives du gouffre; la glace l'étreint. L'hiver se dresse autour de lui. Le massif aveugle déchaîne ses fureurs à tâtons et les pentes sont pleines de gémissements.
Les torrents du Vallespir et du Conflent ne serpentent pas doucement à travers les prairies; parmi ces régions montagneuses, le sens de l'eau ne peut que se développer autrement.
Lam, la truite -- ce récit est tout sauf "doux" et religieux comme Unamuno affirme que l'était Le Parfait Pêcheur à la ligne d'Isaac Walton, qui connaissait
si bien la vie et les moeurs des poissons de chez lui, en Angleterre.