A grands pas sous le ciel qui s’ouvrait. J’avais contracté une habitude, instaurée en rituel et que je recommande à tout marcheur des taillis. En déboulant devant un pré bordé par une forêt, je gueulais ce cri de ralliement destiné à un dernier carré : « Qui guette à la lisière ? » Et parfois, je débusquais un chevreuil apeuré, un faisan, un lièvre ou un échassier qui décollait malhabillement, preuve que mon appel n’était pas vain et que le royaume était encore gardé, en ses orées, par des sentinelles vaillantes. Les lisieres sont des remparts entre les empires.
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