Citations de Sylvain Tesson (6493)
On dispose de tout ce qu'il faut lorsque l'on organise sa vie autour de l'idée de ne rien posséder.
Penser qu'il faudrait le prendre en photo est le meilleur moyen de tuer l'intensité d'un moment.
15 mai.
Lire nous confirme que la solitude est un trésor. Un livre peut changer une vie. Et dire qu'il n'y a aucune mise en garde d'inscrite sur la couverture !
Être né sur la paille, avoir échappé à Hérode et finir sur une croix, tout ça pour que, le 24 décembre, les foules hystériques se battent devant les vitrines, obsédées par cette question : faudra-t-il ouvrir les magasins le dimanche au cas où l'on aurait pas le temps de remplir les hottes de Noël ras-la-gueule ?
Rien ne vaut de passer un bon moment avec soi-même à parcourir les rayonnages de sa bibliothèque intérieure.
L’ennui ne me fait aucune peur. Il y a morsure plus douloureuse : le chagrin de ne pas partager avec un être aimé la beauté des moments vécus. La solitude : ce que les autres perdent à n’être pas auprès de celui qui l’éprouve. A Paris, avant le départ, on me mettait en garde. L’ennui constituerait mon ennemi mortifère ! J’en crèverais ! J’écoutais poliment. Les gens qui parlaient ainsi avaient le sentiment de constituer à eux seuls une distraction formidable. « Réduit à moi seul, je me nourris, il est vrai, de ma propre substance, mais elle ne s’épuise pas… » écrit Rousseau dans les Rêveries.
Les sociétés n'aiment pas les ermites.Elles ne leur pardonnent pas de fuir.Elles réprouvent la désinvolture du solitaire qui jette son"continuez sans moi"à la face des autres.Se retirer c'est prendre congé de ses semblables.L'ermite nie la vocation de la civilisation,en constitue la critique vivante.
Usage de la fenêtre : inviter la beauté à entrer et laisser l'inspiration sortir.
être né sur la paille, avoir échappé à Hérode et finir sur une croix, tout ça pour que, le 24 décembre, les foules hystériques se battent devant les vitrines, obsédées par cette question : faudra-t-il ouvrir les magasins le dimanche au cas où l'on aurait pas le temps de remplir les hottes de Noël ras-la-gueule ? (p59)
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Avoir fait de l'anniversaire de la naissance de l'homme qui nous a enjoints de nous débarrasser de nos biens et de partir sur les routes à la recherche de l'amour, une fête où l'on s'ensevelit les uns les autres sous un tombereau de cadeaux dans la chaleur du foyer familial, c'est l'un des plus habiles détournements de message de l'histoire de l'Occident. (p163)
Rainer Maria Rilke dans la lettre du 17 février 1903 adressée au jeune poète Franz Xaver Kappus : " Si votre quotidien vous paraît pauvre, ne l'accusez pas. Accusez-vous vous-même de ne pas être assez poète pour appeler à vous ses richesses. "
Nous sommes seuls responsables de la morosité de nos existences. Le monde est gris de nos fadeurs. La vie est pâle ? Changez de vie, gagnez les cabanes. Au fond des bois, si le monde reste morne et l'entourage insupportable, c'est un verdict : vous ne vous supportez pas ! Prendre alors ses dispositions.
Il est bon de n'avoir pas à alimenter une conversation.
D'où vient la difficulté de la vie en société? De cet impératif de trouver toujours quelque chose à dire.
La France est un paradis peuplé de gens qui se croient en enfer.
Quand deux petits chiens vous fêtent au matin, la nuit prend la saveur de l'attente. La fidélité du chien n'exige rien, pas un devoir. Son amour se contente d'un os. Les chiens? On les fait coucher dehors, on leur parle comme à des charretiers, on leur aboie dessus, on les nourrit des restes et de temps en temps, vlan! une baffe dans les côtes. Ce qu'on leur offre en coups, ils nous le rendent en bave. Et je comprends soudain pourquoi les hommes ont fait du chien leur meilleur ami : c'est une pauvre bête dont la soumission n'a pas à être payée en retour. Une créature qui correspondait donc parfaitement à ce que l'homme est capable de donner.
L'enfer, ce n'est pas les autres, c'est l'obligation de vivre avec eux. Le mieux consiste donc à construire un donjon solitaire avec le ciment de son rêve suffisamment solide pour que le ressac du monde extérieur s'y fracasse.
La malédiction de l'homme consiste à ne jamais se contenter de ce qu'il est.
Mauvais début
Dans le train
(...) A quoi servait-il de voyager si vite ? (...) Pendant que la vitesse chassait le paysage, je pensais aux gens que j'aimais et j'y pensais bien mieux que je savais leur exprimer mon affection. En réalité je préférais penser à eux que de les côtoyer. Ces proches voulaient toujours que "l'on se voie", comme s'il s'agissait d'un impératif, alors que la pensée offrait une si belle proximité. (p. 19)
La voie royale
Les arbres m'apprennent la discrétion. J'admire leur retenue, leur timidité. Aucune frondaison ne s'emmêle aux autres. Aucun tronc ne nuit à ses voisins. Les arbres ont l'infinie noblesse de ne pas se toucher. Chacun tire de la terre la force de se hisser au ciel, en silence. (p. 86)
Je suis le produit d’une époque que je déteste.
La France est un paradis peuplé de gens qui croient vivre en enfer.
L'Odyssée est le poème du retour à soi, en soi et chez soi.