Sylvia Loehken

Trop c'est trop, et peut même devenir nuisible. Cela s'applique aussi aux bonnes choses de la vie: le chocolat, le vin rouge et les gens.

Le revers de la prudence est la réticence avec laquelle les gens réservés communiquent de l’information sur eux-mêmes, ou s’enthousiasment à propos de quelque chose. L’extraverti qui est le destinataire pourrait voir cela comme de la distanciation ou de l’indifférence. Dans les cas extrêmes, la prudence devient peur et donc, un obstacle.

La prudence, en tant que caractéristique, est une conséquence positive de cette quête de sécurité: les gens réservés observent et réfléchissent en profondeur avant de prendre des risques, s’ils en prennent……
Mais les risques et les aventures ne se présentent pas seulement sous forme de sauts à l’élastique et de placements: ils adoptent aussi la forme de communications. Les gens prudents préfèrent éviter les comparaisons risquées, les suggestions agressives, les idées soudaines ou même les attaques de front.

De prime abord, la prudence ne semble pas une force particulière, en termes de communication. Mais les premières impressions peuvent être trompeuses: les gens prudents font preuve de délicatesse dans leurs rapports avec les autres, plutôt que d’agir avec lourdeur et vigueur. Ils traitent les autres avec compréhension, tact et respect et ne se montrent pas inflexibles.

Les introvertis et les extravertis diffèrent avant tout dans leur façon de refaire le plein d’énergie: les introvertis ont besoin de calme et de silence, alors que les extravertis puisent de l’énergie dans leurs contacts avec les gens et dans leurs activités.

Les personnes réservées qui ne sont pas à l’aise dans un contexte social sont dites «antisociales». C’est injuste. L’introversion et les traits de personnalité comme la gentillesse ou l’intérêt porté à autrui sont très différents. Bien sûr, il y a les «bollés», les mésadaptés, détachés de ce monde, dont les principaux contacts se font par Internet.

Sigmund Freud (un extraverti) a inventé la psychanalyse moderne, il y a une centaine d’années. Il considérait la sexualité comme la force motrice du subconscient humain. Son collègue plus jeune et contradicteur, Carl Gustav Jung (un introverti), se montrait critique face à la théorie de Freud. Il a créé un modèle plus vaste du subconscient, contenant des éléments autres que la sexualité. Ces hypothèses de base différentes ne rendaient pas la relation entre les deux universitaires très productive. Ils ont commencé à travailler séparément et ont poursuivi leurs recherches indépendamment l’un de l’autre.

Une trop grande stimulation épuise l’énergie des introvertis. Dans un contexte professionnel, cela pourrait être un poste qui exige de composer simultanément avec de multiples demandes. Dans la vie personnelle, il pourrait s’agir d’une réception à laquelle prennent part des tas de gens que je ne connais pas et où la musique est forte, situation que même les jeunes introvertis comme John trouvent stressante. Pour les introvertis, la stimulation excessive signifie aussi qu’ils devront se retirer à un moment ou à un autre. Mais les extravertis aiment la stimulation parce que cela les dynamise.

On peut diviser les gens en personnalités extraverties et introverties. Presque tout le monde comprend ces termes et leur associe certaines caractéristiques. Mais en y regardant de plus près, que ce soit dans la vraie vie ou dans la documentation, les limites entre l’introversion et l’extraversion sont un peu floues. En fait, il existe beaucoup de souplesse dans les manifestations et la définition de l’introversion et de l’extraversion.

Les forces sont manifestement des avantages, mais il en est de même pour les obstacles, à leur façon: quand on connaît les obstacles que l’on se crée soi-même, on est plus conscient de ses propres besoins que les autres, qui ne se soucient pas de cerner leurs points faibles. Par exemple, pendant longtemps, lorsque j’éprouvais soudainement le besoin d’être seule, alors que j’étais en compagnie des membres de ma famille et d’amis, j’ai cru que j’étais antisociale. Je me rends compte maintenant qu’il est tout à fait logique de me retirer, lorsque j’ai besoin de refaire le plein d’énergie.

J’aime être en compagnie des gens (c’est ma profession et ma vocation), mais après une journée de vacarme, de chahut et de rencontres fortuites, j’ai besoin de temps pour être seule et recharger mes batteries. J’adore ce que je fais, mais, contrairement à mes collègues extravertis, je ne peux pas tirer toute l’énergie dont j’ai besoin d’un travail dynamique et emballant en compagnie de membres d’un séminaire, d’auditoires et de tutorés.