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Critiques de Sylvie E. Saliceti (4)
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Je compte les écorces de mes mots

  

 

Sylvie-E. Saliceti a écrit " Je compte l'écorce de mes mots "

pour rendre la parole aux morts.

Il est plus important que jamais de participer au principe de

mémoire, à l'heure où certain(e)s réveillent avec fracas cet

antisémitisme primaire, qu'il importe de dénoncer et com-

battre sans cesse.

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Les papillons de Krakov

Une étonnante inventivité caractérise l’écriture de cette poète. Ces huit chants se déploient à partir de l’évocation des derniers pêcheurs de corail répartis entre la Corse et l’Italie.

" Quand le corailleur descend le long de la corde à singe

il accomplit le geste

grave

des enfants [...]

Évocation incarnée, dans la précision des gestes et du rituel de leur plongée, dans la beauté des coraux et du milieu aquatique sous-marin en même temps que métaphore de l’approche géopoétique de Sylvie E. Saliceti. Le titre, d’emblée, emporte le lecteur dans un imaginaire totalement insolite : il conjoint l’image des papillons sculptés par l’artiste américain David Kracov, en hommage aux enfants de Tchernobyl qui ont pu être sauvés des irradiations et celle de ces pêcheurs de corail occupés à lire des livres sous la mer durant la longue décompression de leur a Au cœur de ce dispositif onirique, le lecteur se trouve aux confins de la nature et de l’art : s’y mêlent intimement l’eau et le paysage sous la mer, la magie de sculptures d’acier façonnées par la grâce du sculpteur et ces feuilles de livres emportées par le courant.« Quand nous ne lirons plus les livres sous la mer, ce monde aura disparu » écrit la poète. On l’aura compris le souci écologique est ici fondateur de cette parole oraculaire. L’approche déjà présente dans ses recueils antérieurs se déploie plus largement encore dans celui-ci, la disparition des coraux devenant le signe sensible de ce que l’homme fait à la nature. D’où plus que jamais nécessaire « Une parole contre la surcharge, la vitesse, l’enfermement ». À travers le jeu subtil sur les pronoms, je, tu, nous, la poète se parle à elle-même en même temps qu’elle guide le lecteur vers un point d’ancrage de sa rêverie.



Cet état d’éveil sous-tend tout le recueil, informant au sens fort la parole poétique qui se déploie dans la fluidité des images, reliant ces entités qui font monde pour Sylvie E. Saliceti : « Me voilà marionnettiste d’un théâtre miniature d’ombres qui bougent comme une offrande perdue sur ma main. Les arborescences se reflètent sur la chair en une mystérieuse calligraphie d’estampe chinoise-blanche sur la feuille mate du papier de riz ». Le poème renoue avec la conscience émerveillante de l’enfance, avec ses fulgurances lumineuses qui peuplent les grands fonds d’églises et de forêts sous la mer, de poissons qui volent dans le silence des abysses.








Lien : https://www.lacauselitterair..
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Lettre ouverte de R. Johnson aux négriers

Robert Johnson, le pionnier du blues qui aurait vendu son âme au diable pour savoir jouer de la guitare, premier du Club des 27, s'adresse dans cette lettre intense aux négriers, à ceux qui ont érigé la dominance des blancs sur les noirs, aux racistes de tout poil.



Le texte de Sylvie-E Saliceti est puissant, poétique, rempli parfois de références, de noms de la mythologie ou autres, que je ne connais pas ou très peu, mais ça ne m'a pas empêché de le ressentir au plus profond. J'en ai eu des frissons, parfois des palpitations, un peu comme quand un énervement ou une colère monte. Elle parle de négritude, de l'esclavage, de la condition des noirs : "Le nègre parle de liberté, comme l'homme du désert parle de l'eau, mû par quel mirage ? Il cherche le fleuve, là où ne scintillent que les marais dans le couchant. Je me demande si la condition d'esclave, comme la poussière, colle pour toujours à la semelle de nos chaussures ?" (p.13)



Elle parle aussi de repentance, doit-on des siècles après toujours porter le poids des actes de nos aïeux ? J'habite Nantes, port-négrier s'il en est, dois-je m'auto-flageller parce que les armateurs de la ville se sont enrichis grâce au commerce des esclaves ? Que la ville n'oublie pas son histoire, qu'elle y fasse face, c'est nécessaire. Mon rôle à moi, c'est d'accueillir et de me comporter avec tous les gens quelle que soit leur couleur, de la même manière. Et en plus, je ne suis pas raciste, j'aime manger éthiopien, coréen, japonais, créole... j'aime le couscous et le tajine et tellement d'autres plats d'origines diverses... (avis aux grincheux, c'est évidemment une plaisanterie, pas que j'aime les plats sus-nommés, mais qu'on puisse les associer au racisme, même si certains politiques ne s'en privent pas : "Je ne suis pas raciste, ma meilleure amie est tchadienne" dixit Nadine Morano, ou encore celui qui exhibe une photo de sa femme noire...)



Sans doute, pour paraphraser Eric Pessan dans une autre Lettre ouverte..., ce texte ne sera-t'il lu que par des gens qui pensent comme l'autrice. Dommage pour tous ceux qui ne l'ouvriront pas, ils passent à côté d'une écriture superbe, d'une force et d'une poésie présentes de bout en bout et du blues de Robert Johnson qui accompagne le tout. Et si certains, dont moi, sont mal-à-l'aise voire choqués par le mot nègre, voici un dernier extrait : "Nègre : je ne supprime pas le terme. Ce mot en créole désigne un homme, et vous voulez le décapiter ? Ce mot m'appartient. Je me l'arroge. Ce mot, il nous faut le reprendre. Il est le nôtre. Il est le vôtre. Il est né mille fois. [...] La négritude est cet envol de milliers d'oiseaux au-dessus du lac Tanganyika ou du lac Ontario -une liberté de poètes aux ailes damassées qui tissent le linge au long temps de la langue..." (p.11)
Lien : http://www.lyvres.fr/
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Couteau de lumière

Ouvrir un recueil de poésie par une légende indienne et une rêverie ethnographique digne de La Pensée sauvage n’est pas chose courante. C’est ainsi que Sylvie E. Saliceti place Couteau de lumière sous l’égide d’un récit Wabanakis qui dit la terre bienfaisante et thaumaturge pour les êtres vivants — en particulier, l’élan, animal totem.

D’emblée, nous avançons dans un monde originel, proche du regard d’enfance. Et quittons nos grilles surannées et convenues de lecture. C’est dire si ce recueil est un monde d’illuminations et de visions rimbaldiennes :

Emmenez une cathédrale sur l’eau immergez / la nef /dans l’obscur dites le corps qui nage — paumes ouvertes

Le thème central est celui des pierres à cerfs, inscriptions gravées sur d’antiques stèles, à valeur rituelle, que l’on trouve en Mongolie, mais aussi en Corse. Le thème en court dans les trois parties du recueil. La première « Elan contre la terre », autour de la figure en filigrane du poète Thierry Metz, la seconde « La mer chaude comme un daim » autour d’Erri de Luca, la troisième « Vieil homme d’hiver » autour de Pierre Reverdy. Trois stèles comportant en exergue un vers de chacun d’eux. Trois poètes qui ont un point commun, d’avoir été travailleurs de la pierre pour les deux premiers et lié à une famille de sculpteurs pour le dernier. MH.Prouteau


Lien : https://pierresel.typepad.fr..
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