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Citation de oree


Ludvik fouilla, fouit, explora et scruta dans tous les recoins de sa mémoire, de son coeur, de sa conscience ; la jalousie, la colère, le dégoût, la rancoeur jonchaient encore sa pensée d'Esther, il ne parvenait toujours pas à l'évoquer sans ressentir une émotion pénible, -- un mélange de désarroi et de chagrin acide. Mais il tint bon, il creusa dessous tous ces débris, ces braises, ces scories, et soudain, dans ses mains nues il sentit qu'il tenait le visage d'Esther ; son visage, non plus seulement d'amante, mais de personne humaine unique parmi la multitude d'autres uniques. Son visage aussi nu, vulnérable, que l'étaient ses propres mains éprises seulement de tendresse, sans garde ni mesure. Son visage comme une eau claire au creux des paumes, au milieu du désert. Et il sut qu'il l'avait aimée, bien plus encore que de passion, bien davantage même qu'il ne l'avait soupçonné. Il compris qu'il l'avait aimée jusqu'à un point de non-retour. Alors , pour la première fois, toute colère, toute rancoeur, tombèrent de lui, et la beauté , la gratitude d'avoir aimé se révélèrent telles qu'elles dépouillèrent son vieux chagrin de tout ressentiment. Son chagrin demeura, mais à la façon d'un animal blessé, éreinté de fatigue, qui se coucherait sur le seuil d'une merveille et y ferait patience, sans geindre ni gronder, sans rien attendre.
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