Les idées et les personnages de mes romans me viennent chaque fois de façon confuse, sans que je puisse situer le moment ni définir précisément le pourquoi de leur surgissement. Cela provient d`un ensemble de données qui forment l`imaginaire. Ces données sont composées de souvenirs très divers, anciens et récents, d`informations reçues au fil du temps sur les faits et évènements survenant dans notre monde, et parmi lesquelles certaines me marquent plus fortement, semant du trouble, des questions dans mes pensées. Je suis depuis longtemps sensible au sort trop souvent déplorable réservé aux animaux, au mélange d`indifférence, de mépris et de cruauté dont les humains font preuve à leur égard. L`idée de ce roman mettant en relief la proximité qui existe entre les animaux et les humains, en tant que vivants, s`est peu à peu imposée à mon imaginaire.
Il y a une part de conte - du fait de l`épisode qui relève du genre "fantastique", au cours duquel l`animal se transforme en humain -, mais l`ensemble du roman n`en est pas un. Ce roman inclut aussi des éléments très réels, et le lieu initial de l`histoire ainsi que la guerre qui y sévit renvoient aux conflits qui ont déchiré l`ex-Yougoslavie dans les années 90; quant à la fin du roman, elle renvoie évidemment à l`attaque terroriste perpétrée contre le journal Charlie Hebdo en janvier 2015. Ces références suggérées sont, je crois, très reconnaissables. Si je ne les ai pas nommées distinctement, c`est pour me laisser de la liberté dans le récit, je n`avais pas la prétention de faire un travail d`historienne ou de journaliste.
La violence n`est pas le propre de l`homme, mais ce dernier a une manière particulière de l`exercer - avec volonté, détermination, calcul, perversité, parfois (souvent...)
Ce sujet est pour moi un questionnement depuis ma jeunesse. Un questionnement que ne satisfait, jusqu`à ce jour, aucune réponse, ou du moins qui reste ouvert, et vif. Par ailleurs, les détournements aussi imbéciles qu`abjects faits de "Dieu" par certains fanatiques (et cyniques qui en jouent), exigent des repositionnements, des relances du questionnement.
Je n`ai pas de méthode particulière, je laisse venir les images, les idées à leur rythme, et prends le temps de trouver les mots, les phrases, les tournures qui me semblent les plus aptes à les formuler. C`est un travail qui s`opère en silence, et nécessite de la patience; beaucoup de patience.
Ce thème de la survie s`est dégagé en chemin, imposé à un certain moment du récit, ce n`était pas un choix volontaire de départ. C`est l`histoire dans son développement, le contexte, qui m`ont fait prendre conscience de l`importance de cette lutte pour la survie dans toute vie de vivant dès qu`il se sent menacé.
Aucun en particulier. De nombreux romans ont bien sûr nourri mon imaginaire, mais l`envie d`écrire n`a pas été suscitée par un livre précis, elle m`est venue au fil du temps, dans la continuité des mes études (philosophie), comme s`il me fallait continuer, différemment mais toujours par voie d`écriture, la "traque" de pensées, d`images, de questions qui sinon s`échappent.
Quand je lis un grand texte, remarquable par son style, surprenant dans sa puissance et sa profondeur narratives, je ne me compare pas, ne me mesure pas à ce talent que je n`ai pas, ce serait absurde, et vain. De toute façon, tout a déjà été dit, écrit, et de nombreux chefs-d`œuvre nous précèdent, nous entourent; cela peut parfois paraître décourageant, mais ne suffit pas à castrer le désir d`écrire, même si on se reconnaît à soi-même un bien faible talent en comparaison. L`écriture n`est pas une compétition! C`est un désir qui vient de quelque chose de très profond en soi, qui taraude, envers et contre tout, malgré les échecs qui peuvent survenir. L`envie d`arrêter d`écrire est très présente en même temps, il arrive qu`elle monte à l`aigu, mais les causes sont d`un autre ordre, très intérieur.
Fédor Mikhaïlovitch Dostoïevskiet Georges Bernanos.
Je relis surtout de la poésie - Arthur Rimbaud, Saint-John Perse, Rainer Maria Rilke, Celan...
Il y en aurait trop à citer!
La Mort du petit-bourgeois, de Franz Werfel, Miel de bourdon de Torgny Lindgren, Les étrangers de Sándor Márai, et je pense aussi à des auteurs passés de mode, tombés aux oubliettes, comme Ernst Wiechert (Missa Sine Nomine, Les Enfants Jéromine...), ou Birgitta Trotzig ; j`ai lu leurs livres il y a longtemps. Il y aurait beaucoup d`autres auteurs, et de livres à mentionner, qui ne me reviennent pas à l`instant en mémoire.
Pas d`avis sur cette question. En revanche, il y a quelques gloires surfaites au présent, et quelques auteurs de grand talent injustement méconnus, négligés par la critique.
Je n`ai pas de "citations fétiches", mais des phrases de romans, de bribes de dialogues de théâtre ou des vers (de Arthur Rimbaud, Paul Verlaine, Paul Valéry, Jules Supervielle, Guillaume Apollinaire, Rainer Maria Rilke...) me reviennent parfois, plus que d`autres, à la mémoire.
Je viens d`achever la lecture d`un excellent roman récemment paru, Le dernier des Baptiste, de Jean-Marie Chevrier, qui parle avec justesse et intelligence de la disparition d`un monde, celui des paysans. Je lis un catalogue (déjà ancien) d`exposition de peinture (artistes du Nord), des articles de revues, et un essai, Poésie et réalité de Roberto Juarroz.
Lecture de Jean Lancri : une création originale inspirée par Edmond Jabès. Ce cycle est proposé par la Maison des écrivains et de la littérature (Mel) en partenariat avec la BIS. Un mois avant la restitution, l'écrivain est invité à choisir un élément dans les fonds de la BIS. Lors de la rencontre publique, « le livre en question » est dévoilé. Chaque saison donne lieu à la publication d'un livre aux éditions de la Sorbonne "Des écrivains à la bibliothèque de la Sorbonne" Saison 5 : Jean Lancri, Gaëlle Obiégly, Sylvie Germain et Michel Simonot
Née à Châteauroux en ?